Après le formidable long-métrage d’horreur Les affamés qu’il nous a offert en 2017, le réalisateur Robin Aubert nous propose Tu ne sauras jamais, un film touchant qui ne laissera personne insensible, et qui met en vedette un pur inconnu.

 « Ce film-là est une surprise, comme un cheveu sur la soupe, mais dans le sens positif du terme, confie Robin. Il est arrivé sans que je m’en aperçoive, c’est comme s’il avait été toujours là, et il s’est comme imposé entre trois projets. Le film a été coécrit avec Julie Roy, ma copine, pendant la pandémie, pendant la première vague, en plein confinement. On était à la campagne où l’on vivait avec les deux enfants, et tranquillement, l’idée a germé », raconte-t-il.

C’était audacieux de confier le rôle principal de cette production à un nouveau venu, mais le pari s’avère réussi lorsqu’on visionne le film. « Pendant la pandémie, on nous parlait de tous ces gens-là qui tombaient, on nous disait qu’il y avait eu tant de morts. C’était comme des chiffres, quasiment des pourcentages. De prendre quelqu’un d’anonyme, pour jouer le rôle d’une personne anonyme, était le meilleur choix que l’on pouvait faire. L’idée était surtout d’arriver avec une réflexion sur ce qui nous attend tous, c’est-à-dire la vieillesse, et sur le système dans lequel on est, soit la pensée nord-américaine capitaliste. Si tu vas en Asie ou en Afrique, les grands-parents sont dans les maisons avec tout le monde. Ici, toi, moi, notre voisin, ça fait en sorte qu’on va tous se ramasser dans une petite pièce confinée un jour ou l’autre, Donc, de travailler avec un non-acteur, ça permettait d’y croire davantage », confie le réalisateur. 

L’histoire du film est celle d’un homme en perte d’autonomie, incarné par Martin Naud, qui vit dans un CHSLD durant la pandémie. Il n’a qu’un seul but : retrouver son amoureuse qui vit dans la même résidence. « Je n’ai jamais voulu tomber dans le misérabilisme, ça ne nous intéressait pas de faire une critique sociale du système de santé. À la base, on voulait raconter une histoire d’amour, celle d’un homme qui veut retrouver sa copine qu’il a rencontrée dans un CHSLD. Il était actif, il a mis sur pied un club d’ornithologie avec elle, ils faisaient des parties de cartes ensemble, et il cherche à la revoir. Quand tu racontes une histoire d’amour, mais que tu mets ton contexte dans un CHSLD en plein de temps de Covid, inévitablement, il y a des éléments qui ressortent et qui nous frappent aux yeux. Malgré la pandémie, malgré le fait qu’on semble donc avoir compris des affaires depuis ce temps-là, on s’entend que ça ne changera pas… »

Il y a une forme de tendresse dans ce film, dans les relations du personnage principal avec les employés du CHSLD, qui doivent parfois effectuer des tâches qui vont au-delà de leurs compétences.

Selon le réalisateur de Tu ne sauras jamais, son film fait ressortir beaucoup de larmes chez les spectateurs, parce qu’ils pensent à leur père, à leur mère, à des gens qui sont partis récemment. « Les gens qui voient le film me parlent de leurs expériences de vie. Il y en a qui se transposent, qui se voient aller là, et ça fait chambouler des émotions. C’est comme si le personnage de Monsieur Vincent, par l’entremise de Martin, nous faisait vivre des émotions qui sont presque personnelles pour nous. »

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