Marie-Ève Janvier était en vacances en Gaspésie avec Jean-François et leurs trois enfants lorsque nous nous sommes entretenus avec elle. Une semaine de repos ponctuée d’une mauvaise nouvelle au sujet du Groupe Juste pour rire et, par la bande, l’annulation de la comédie musicale Waitress dont elle devait être la vedette. Cela dit, l’animatrice et chanteuse, toujours très intéressante et généreuse en entrevue, s’est confiée sur différents sujets, notamment son plaisir de faire de la radio, et le cap de la quarantaine qu’elle atteindra en octobre prochain.   

D’abord, un mot sur Waitress. « J’ai appris la nouvelle comme tout le monde dans La Presse, dit-elle. Je ne suis pas stressée, on perd une institution québécoise, il y a des gens qui ont perdu leur job, je ne fais pas pitié là-dedans, à part la tristesse et l’incertitude de savoir si ça va avoir lieu un jour. » Dossier clos, pour l’instant.

« La radio m’ouvre beaucoup les yeux sur le monde, c’est très nourrissant pour moi, pour la femme, pour la maman et pour l’amie que je suis »

L’occupation professionnelle principale de Marie-Ève est bien sûr la radio, ça fait maintenant huit ans qu’elle est derrière le micro à Rythme FM. On la retrouve le midi aux côtés de Patricia Paquin, à l’émission Les filles du lunch. Une case horaire qu’elle adore, et une partenaire de travail qu’elle apprécie beaucoup. « Il y a une complicité naturelle entre nous. Je savais qu’elle était agréable parce qu’elle n’a pas d’égo, tout lui coule sur le dos comme si de rien n’était, elle est game et créative, et elle est performante aussi. Elle a un brin de folie en elle, je savais qu’on aurait du plaisir. Il n’y a pas de flafla, on s’entend sur les sujets qu’on veut aborder, et on est capable de tout se dire. Mon Dieu que c’est précieux, ça, et que c’est l’fun! »

Au sujet de la radio, du privilège qu’elle a de pouvoir être en ondes et de parler aux gens, Marie-Ève s’emballe pour ce qui est devenu une passion pour elle. « Je peux parler de tout ce qui me touche, de tout ce qui me passionne, de ce que je vis, quelle chance! La radio m’ouvre beaucoup les yeux sur le monde, ça me permet aussi de relativiser, c’est très nourrissant pour moi, pour la femme, pour la maman et pour l’amie que je suis. J’adore ça. Quand je vais à l’épicerie, on ne me parle plus de Marie-Ève la chanteuse, on me parle de ce que j’ai dit à la radio, de choses que j’ai racontées. Je calcule encore mal la portée de ce qu’on peut dire, mais j’aime parler d’une foule de choses et de trucs qui dérangent juste assez pour faire réfléchir. On n’est pas dans la controverse à Rythme, on est dans le plaisir et on accompagne les gens », dit-elle avec enthousiasme.

Le temps file à toute allure, imaginez-vous qu’il y a déjà 24 ans que Marie-Ève s’est fait connaitre du grand public en interprétant le rôle de Fleur-de-Lys dans le spectacle musical Notre-Dame de Paris. C’était en 1999, elle avait 14 ans! Puis, elle fut de Don Juan avec un certain Jean-François Breau, et la suite est bien sûr passée à l’histoire. Ce qui nous amène à parler de ses 40 ans qu’elle aura en octobre prochain.

« À l’aube de la quarantaine, j’ai réalisé que je fais beaucoup de « check » sur ma liste, je coche des cases. Je comprends qu’il y a des affaires sur lesquelles je n’aurais jamais de contrôle. Je réalise aussi en vieillissant que quand je veux quelque chose, c’est moi d’abord et avant tout qui doit le mettre en œuvre. Le chiffre de 40 ne me fait pas peur comme tel, je pense juste qu’il y a une espèce d’urgence, même si c’est cliché. Oui, je suis plus fatiguée des lendemains de nuit blanche parce que mon bébé ne dort pas une nuit. Ces temps-ci, je me remets en forme, je m’entraine, et j’ai changé des trucs dans mon alimentation juste pour être « préservée » du côté santé et en meilleure forme, parce que c’est ce qui te rendre dedans quand tu vieillis. C’est ça qui est un peu plus raide, dit-elle. À 8h30 le soir, je suis en pyjama et j’ai juste hâte d’aller me coucher! Des fois, Jeff et moi on regarde l’heure, il est genre neuf heures, et on se dit : « Réalises-tu qu’il y a à peu près vingt ans, on se préparait à sortir et à aller prendre un verre! Voyons donc! » Mais je te dirais que le côté cocooning, être à la maison, avec les enfants, ça fait partie de moi », confie-t-elle.

« J’ai appris à lâcher prise »

Marie-Ève a vécu quantité d’expériences professionnelles (souvenons-nous de L’amour est dans le pré, qu’elle a animée durant huit ans), et elle dit ne plus avoir peur de se lancer dans le vide, et avoir appris à faire la part des choses.

« Des situations incertaines – comme ce qu’il adviendra de Waitress -, m’auraient beaucoup plus stressée avant. Aujourd’hui, je suis capable de faire la part des choses, de me dire qu’il y a des solutions. La quarantaine m’amène ça et j’ai aussi un genre de lâcher-prise. Je sais que si l’un de mes enfants a le nez qui coule, les plans peuvent changer pour la journée ou pour demain. L’année dernière, ma Laulau, ça ne lâchait pas : virus respiratoire, la Covid, et j’étais enceinte de Louis. On s’est dit qu’on allait tellement y aller un jour à la fois. Les enfants te ramènent au moment présent, tu peux bien planifier des affaires, ça se peut que tout change. Et il faut en profiter aussi, parce que ce sont des beaux marqueurs de temps, les enfants. Ma grande a eu huit ans, elle est préadolescente! Ce n’est plus le même genre de conversation, et j’embrasse ça, j’ai les bras grands ouverts. Et la petite enfance, c’est cool aussi parce qu’on le vit au quotidien. Ma Laurence est encore un bébé, elle va avoir trois ans en avril, et mon petit Louis est un bébé juste parfait. Et puis j’ai un chum qui est à la maison, mais qui est aussi beaucoup sur la route avec Salebarbes, tout ça nous ramène vite au moment présent. »

 

Un nouveau projet emballant

Mis à part la radio et sa vie de famille, Marie-Ève a une nouvelle passion, et vous la découvrirez à Canal Vie en avril. « J’ai toujours eu ce fantasme de rénover une maison, et j’ai un côté manuel que je retiens de mon père, j’aime ça. J’ai acheté une maison dans mon quartier il y a un an et demi, je pensais repeindre deux ou trois murs, refaire les comptoirs de cuisine, mais finalement, j’ai engagé un designer et un entrepreneur, puis je suis allé voir un producteur (Zone 3) et je leur ai dit que je voulais en faire un show, pour vivre mon trip », raconte-t-elle.

L’émission de réno-déco a pour titre Une maison signée Janvier, et de grands travaux y ont été faits, dans le but que toute sa famille y déménage. « Ça été une belle aventure, toute une épopée, dit-elle. J’ai tripé, je suis passée par toute la gamme des émotions, et je suis très fière de l’avoir fait. » J’ai comme l’impression qu’on n’est pas au bout de nos surprises avec Marie-Ève!

 

Waitress sur la glace

On apprenait le 5 mars dernier que le Groupe Juste pour rire se plaçait à l’abri de ses créanciers. Quantité de personnes ont perdu leur emploi, le Festival Juste pour rire prévu cet été a été annulé, de même que des spectacles, dont la comédie musicale Waitress avec comme tête d’affiche Marie-Ève Janvier. Au moment d’aller sous presse, on ignore si un autre producteur décidera de produire Waitress, dans un avenir plus ou moins rapproché. Rappelons que cette comédie musicale a remporté énormément de succès à New York et dans plusieurs pays, et la version française devait être créée à Montréal. À suivre…