La pandémie fait découvrir à quel point le bénévolat fait du bien!

Que celui qui définit le bénévolat comme un travail fait sans gratification revoit sa définition.  Rien de plus faux, pour autant qu’il reconnaisse que la gratification n’est pas qu’une affaire de sous! Et ce constat est facilement vérifiable à la suite de l’étude qu’a commandée le Réseau de l’action bénévole du Québec (RABQ) à la firme SOM sur l’impact de la pandémie chez les bénévoles. L’étude a été faite de mai à juillet 2021 à l’aide d’un questionnaire auquel ont répondu 2536 personnes et à l’aide d’entrevues téléphoniques menées par des bénévoles.

Le contexte

Des centaines d’organisations ont dû suspendre complètement leurs activités à cause des mesures sanitaires et ceux qui ont pu continuer leurs activités ont dû le faire sans le support des 65 ans et plus obligés de rester à la maison en raison justement de ces mêmes mesures sanitaires. Si différentes études ont été réalisées sur les conséquences de la pandémie chez les organisations, aucune n’avait été faite sur l’impact à l’endroit des bénévoles tenus à l’écart.

Ça a fait mal!

On se doutait bien que la pandémie et les mesures sanitaires qui l’accompagnaient auraient des effets négatifs chez les bénévoles, mais peut-être pas jusqu’à ce point. Plusieurs milliers de personnes ont été contraintes de rester à la maison. Sans surprise, le secteur des sports, culture et loisirs ainsi que celui de la santé et des services sociaux ont été les plus touchés; des secteurs qui attirent respectivement 44 % et 42 % de l’ensemble des bénévoles. C’est aussi de ces secteurs que provenaient les répondants du sondage. Leur absence a tellement fait mal qu’elle a contraint le Premier ministre François Legault à lancer un appel à l’aide auquel ont répondu d’ailleurs quelque 40 000 personnes dont la moitié fut jumelée à des organismes.

Mais les bénévoles d’expérience obligés de se tenir à l’écart, eux se sont sentis impuissants! L’étude rapporte que dans 61 % des cas, les personnes privées de leur bénévolat ont vécu un sentiment de tristesse. Ils se sont sentis inutiles dans 42 % des cas, alors que 32 % ont affirmé souffrir d’isolement. Et plus grave encore, 2 % de ces bénévoles ont été victimes de dépression et 3 % ont même affirmé avoir vécu de la colère.

 

À quelque chose malheur est bon

 » Si on peut trouver un point positif dans cette étude « , de dire Marilyne Fournier directrice générale du RABQ,  » c’est que 93 % des répondants ont aussi dit que le bénévolat occupait une place importante dans leur vie. À voir leurs réactions lorsqu’ils ont été dans l’obligation de se retirer, il ne fait aucun doute que le bénévolat est très gratifiant. La pandémie aura au moins servi à ça : confirmer ce que nous savions déjà et en faire prendre conscience ceux qui ne s’y étaient jamais arrêté. Autre statistique éloquente à cet égard, c’est que 89 % des répondants ont dit qu’ils reviendraient sans hésiter dès la levée des mesures sanitaires. Toujours selon l’étude, ils reviendront, car le bénévolat donne un sens à leur vie (59 %), les maintient actifs (24 %) et leur apporte de la fierté (10 %). 

Ces chiffres sont une musique à mes oreilles, car preuve est faite : l’estime de soi est la vraie paye du bénévole ! »

Des histoires inspirantes

Comme le soutient la directrice générale du Réseau de l’action bénévole au Québec (RABQ) dans texte précédent, le bénévolat, c’est du donnant-donnant. Tous en retirent d’énormes bienfaits. Le RABQ nous offre plusieurs témoignages touchants sur son site (www.rabq.ca/histoires). Nous en faisons ici le résumé de quatre d’entre eux à partir d’une série de textes signés par Patricia Gougeon.

En mémoire d’un fils extraordinaire!

C’est à la suite d’une terrible tragédie qui a coûté la vie à son fils Sunny, qu’Alain Desbiens s’est impliqué bénévolement dans la communauté. Sunny n’avait que 14 ans lorsqu’il est mort noyé à dans la rivière Shawinigan en août 2007.

Dans les mois qui ont suivi le décès, Alain a découvert une facette de son fils qu’il ne connaissait pas. Sunny était en fait le bon samaritain de la ville. Plusieurs personnes ont témoigné des actions charitables de son enfant. Entre autres, Sunny donnait beaucoup de son temps à un jeune garçon atteint de paralysie cérébrale. Il le rencontrait fréquemment et jouait avec lui. Il déneigeait aussi l’entrée de son ex-gardienne, car elle vivait seule depuis son divorce. Il visitait aussi régulièrement les aînés de la Résidence Saint-Maurice dans l’unique but de les distraire. Il racontait des blagues, entreprenait des discussions et échangeait même des courriels avec certains d’entre eux.  Ces témoignages ont définitivement contribué à adoucir la peine du père, mais l’ont aussi incité à poursuivre l’œuvre du fils. Et c’est en mémoire de ce fils modèle qu’Alain a créé la Fondation Sunny. Cette fondation présente dans cinq régions au Québec compte près de 300 bénévoles âgés entre 12 et 17 ans qui, comme le faisait Sunny, visitent et discutent avec des aînés en centre d’hébergement ou en CHSLD. Près d’une vingtaine de résidences réparties dans sept municipalités sont visitées par les « héritiers » de Sunny.

« Je suis certain que ce n’est pas un hasard et que Sunny y est pour quelque chose « , a déjà dit Alain Desbiens à la journaliste du Nouvelliste, Amélie Houle pour expliquer les succès de la fondation .

 

« Leur vie change et la mienne aussi ! »

Bonnie Struthers a travaillé en mécanique industrielle jusqu’à ce qu’elle prenne sa retraite en 2016. Toutefois, il n’était pas question pour cette femme dynamique de rester à rien faire et depuis, elle s’implique au sein de l’organisme Habitat pour l’humanité. La mission de l’organisme est d’offrir des logements abordables en construisant ou en rénovant des maisons et logements pour des gens aux revenus modestes.

Bonnie travaille directement sur les chantiers, mais c’est surtout à la toute fin dudit chantier qu’elle en retire pleinement satisfaction. « Quand les familles reçoivent les clés de leur nouvelle demeure, c’est un moment de grande émotion. Leur vie change, mais je change ma vie moi aussi,», dit-elle.

Barry Stoll est un autre bénévole d’Habitat pour l’humanité. Il travaille chez ReStore, un magasin affilié à l’organisme et où on vend à bons prix de la quincaillerie, des meubles neufs ou d’occasion et des articles de déco. En parlant de son implication, ce retraité de l’enseignement dira : Il est difficile d’expliquer ce que ça me rapporte, mais de voir qu’on peut changer la vie des gens, de voir qu’ils ont maintenant une place pour vivre, ça me touche beaucoup.».

« Ça m’a sauvé la vie ! »

Lorsqu’il était militaire, Jean-François Paré a fait la Bosnie, Kaboul et Kandahar.  Jean-François était au cœur de l’action. À tous les deux jours, se souvient-il, il voit au moins un soldat quitter les lieux dans un cercueil. Et lui, comme bien d’autres soldats, il vit avec la peur de mettre un jour le pied sur une mine.

Ces images de collègues soldats dans un cercueil, combinées à un stress omniprésent aura raison de sa santé mentale. Même de retour de mission, dans son patelin, les choses ne s’améliorent pas. Par deux fois, il tente de s’enlever la vie. On le déclare finalement invalide et ce père de deux jeunes enfants ne peut plus travailler.« Rester à la maison à se tourner les pouces », comme il dit, « n’augure rien de bon pour une éventuelle guérison ».

Mais le destin a d’autres plans pour Jean-François et le met un jour sur le chemin de Steve Charbonneau qui a joué 11 ans dans la Ligue canadienne de football, dont cinq avec les Alouettes de Montréal. Steve Charbonneau lui fait découvrir la Fondation des sports adaptés dont il assume la direction générale et l’invite à y faire du bénévolat.

Jean-François accepte l’invitation et progressivement y prend goût, si bien, qu’il va y travailler maintenant de deux à trois fois par semaine.

« Voir les jeunes sourire, les voir participer à ce qui est possiblement leur seule activité et voir que je fais une différence, ça vaut une paye. C’est vraiment valorisant. Quand j’étais soldat, je m’identifiais à l’armée, mais là, sans le bénévolat, je ne m’identifierais à rien. Ça m’a sauvé la vie! Le bénévolat est une valeur que j’entends transmettre à mes gars lorsqu’ils seront plus vieux. »

 

Chevaux et bénévoles : l’entraide mutuelle

Par amour pour les chevaux, Marie-Claude et Mike Grenier travaillent dans un refuge pour chevaux à la retraite et pour chevaux mal-aimés. Mike assume d’ailleurs la direction du centre : Secours Une histoire de chevaux.

Situé à Vaudreuil-Dorion, le refuge, compte une douzaine de bêtes que bichonnent, soignent, nettoient et nourrissent des bénévoles qui n’ont nul besoin d’avoir de l’expérience étant bien encadrés au départ par la direction. De plus, ils sont toujours accompagnés d’une autre personne durant leur besogne. Pour ces « palefreniers » d’occasion, c’est une façon de se mettre sur pause laissant derrière eux les tracas du quotidien : la circulation, le travail, les troubles familiaux et autres. « Ici, c’est une famille, on brise l’isolement, cela ne fait pas juste du bien aux animaux, mais aux aussi gens », témoigne Mike Grenier.

Devant le succès de Secours Une histoire de chevaux, Mike Grenier a démarré un nouveau programme, Expérience qui s’adresse aux organismes communautaires dont les bénéficiaires ont des besoins particuliers. « On voit que le bien-être des gens s’améliore ici. Certains groupes ont juste besoin d’être ici, par exemple pour les femmes violentées, les femmes de soldat. Les personnes avec des besoins spéciaux, elles peuvent nous aider et elles se sentent donc incluses. C’est très valorisant quand tu peux redonner », indique le directeur du refuge.

INFOS | www.rabq.ca

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