Quand la vie bascule.

Les accidents vasculaires cérébraux mieux connus sous l’appellation AVC frappent plus de 878 000 personnes au Canada annuellement. Un AVC se produit lorsque le sang cesse de circuler vers une partie du cerveau ou que des saignements se produisent dans la boîte crânienne, entraînant des dommages aux cellules. Pendant un AVC, plus de 1,9 million de cellules cérébrales meurent… chaque minute!  C’est un euphémisme de dire que l’on doit réagir vite. Très vite.

 

En 2010, à l’aube de ses 36 ans, Marie-Pierre Leblanc, psychologue, ressent des maux de tête insupportables et se présente à l’hôpital. Malgré ses implorations pour des tests approfondis, le médecin traitant la retourne à la maison. « J’éprouvais des maux de tête épouvantables et j’étais profondément certaine que quelque chose n’allait pas. J’ai fait un AVC peu de temps après mon retour à la maison ». Boom. Sa vie vient de basculer.

Le diagnostic officiel : dissection carotidienne spontanée. Un tsunami pour le cerveau.

Du même souffle, Marie-Pierre nous confie : « Avant l’AVC ma vie était belle et remplie d’accomplissements personnels et professionnels. Tout d’un coup, j’ai perdu mon indépendance, mon énergie, ma joie de vivre, ma vie sociale et ma carrière ». Les premières semaines, continuellement en souffrance physique, accaparée de maux de tête extrêmes. Même les sons ambiants ont un effet de coups de couteau dans sa tête, sans compter que la lumière, que nous apprécions tous, la faisait souffrir atrocement et lui donnait des haut-le-cœur.

Allongée sur son lit d’hôpital sans pouvoir parler ou bouger, elle vit des moments noirs. Celle qui jadis accompagnait des patients pour leur anxiété se voit maintenant de l’autre côté de la clôture : « À mes douleurs physiques s’ajoutait une souffrance psychologique que je n’avais jamais vécue : il m’arrive quoi? Qu’est-ce que je vais devenir? Est-ce que je vais être capable de penser? De fonctionner au quotidien? De travailler? Est-ce que je vais devenir un fardeau pour les autres? L’anxiété et l’anticipation face au futur étaient intolérables » nous confie-t-elle. Elle s’autodiagnostique un choc post-traumatique.

Celle qui croyait que les AVC n’arrivent qu’aux personnes âgées comprend maintenant que cette maladie sournoise ne fait pas de discrimination d’âge, de sexe, d’origines ou de richesse et qu’elle amène non seulement des difficultés cognitives, motrices ou langagières, mais s’accompagne aussi de symptômes dépressifs, d’anxiété et de maladies mentales. Marie-Pierre est très bien placée pour en parler après avoir investi plus de huit années d’études universitaires pour devenir psychologue.

La convalescence est longue, difficile et jamais complétée. « La réalité de ne plus pouvoir fonctionner de la même façon qu’auparavant au quotidien demeure très difficile pour moi. Ma fatigue mentale ainsi que les symptômes physiques sont difficiles à gérer au quotidien. Chaque jour, j’ai l’impression de monter un petit mont Everest et je ne sais jamais quand la tempête va me frapper. Après 13 ans j’apprivoise toujours ma situation et je suis encore à la recherche d’un équilibre qui sauvegarde mon énergie et qui m’évite d’avoir une fatigue mentale ou une douleur physique accaparante et handicapante. Mes activités continuent d’être limitées au niveau familial, social et professionnel et j’organise dans les plus petits détails les activités de la journée afin de m’assurer de ne pas dépasser mes limites », ajoute Marie-Pierre.

 Faire un AVC est un plus qu’un choc, c’est un traumatisme. Les changements sont radicaux dans la vie de la victime et de ses proches. Les multitudes d’adaptations qui prennent place nécessitent généralement un long processus d’acceptation. L’AVC frappe fort pour la victime, sa famille et ses proches, mais malheureusement, elle devient souvent invisible aux yeux de l’entourage dû à l’absence de cicatrices extérieures et amène trop fréquemment ceux-ci à oublier la réalité particulière de cette personne. Si les marques d’AVC ne sont pas facilement observables, il est beaucoup trop facile d’oublier les enjeux vécus par la victime et d’oublier que la lésion au cerveau est encore très réelle. Il est trop facile, après un certain temps, de faire abstraction des difficultés existantes et souvent handicapantes au quotidien. Un AVC change des vies. Pas seulement celle de la victime.

« Je vous implore d’être vigilant pour reconnaitre les signes avant-coureurs non seulement pour vos proches, mais aussi et surtout, pour vous », termine Marie-Pierre.

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Pour en savoir plus sur l’AVC, visitez :

Qu’est-ce qu’un AVC?


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