Le moins que l’on puisse dire est que Claude Steben a connu une carrière diversifiée. À 81 ans, celui qui s’est glissé dans la peau du Capitaine Cosmos à l’émission Les Satellipopettes, a été chanteur, il a fait de la radio, a été animateur à la télé, en plus d’être concepteur et producteur. Sans compter toutes les conférences et spectacles qu’il a présentés un peu partout au Québec.

Claude Steben nous reçoit chez lui, où il habite avec sa compagne et les deux adolescents de son fils. Il est en forme, il est toujours aussi dynamique et est encore actif. Née d’une mère italienne, Claude a commencé à chanter à l’âge de 5 ans. « J’ai toujours voulu être chanteur, mes modèles étaient Luis Mariano et Tino Rossi. Je m’enfermais dans ma chambre avec un petit tourne-disque pour chanter, et à l’âge de 14 ans, ma grand-mère m’a acheté un accordéon et je suis devenu accordéoniste. »

Claude a remporté plusieurs concours amateurs, et il a aussi formé un groupe quand il était adolescent, avec lequel il a présenté quantité de spectacles jusqu’au début de la vingtaine. « On chantait à la salle paroissiale tous les samedis soir, on faisait des chansons de Paul Anka, Neil Sedaka, d’Elvis, des Beatles. Ça marchait fort », se rappelle-t-il.

Puis est arrivée la chance de sa vie qui l’a propulsé comme chanteur. « Ça me fait 60 ans de carrière pile en 2024, parce que c’est en 1964 que j’ai participé au concours Les découvertes de Yoland Guérard. J’avais 22 ans et le prix qu’on gagnait était de pouvoir faire treize émissions de télévision au Canal 10. Je faisais une émission et le lendemain, tout le monde l’avait vu, du garagiste à l’épicier, c’était fou. »

En plus de remporter ce concours, l’un des juges de l’émission, Fernand Gignac, est allé voir Claude à la fin de l’émission, et il l’a invité à aller chanter à son cabaret qu’il ouvrait à Laval. « J’ai été deux ans là, à chanter et à présenter tout le monde du show-business qui venait. Il a vraiment été un mentor pour moi, il m’a entre autres montré comment choisir mes chansons. J’ai fait beaucoup de cabaret, je travaillais cinquante semaines par année, c’était complètement fou. J’ai fait ça durant sept ans, je me suis acheté une voiture, une maison, je me suis marié et j’ai eu un premier enfant. Ça allait bien, c’était payant dans ce temps-là. J’ai arrêté en 1972. »

Claude a alors pris une décision qui a eu un impact sur sa carrière. « Je suis allé à l’école de radio de Roger Baulu et de Roger Lebel durant deux ans. J’avais ma maison à Repentigny, j’ai commencé à faire de la radio à Joliette, Sorel, tout en continuant de chanter, et j’avais aussi ouvert une école de chant à Montréal, raconte-t-il. Je faisais de la radio à Drummondville lorsque ma femme a donné naissance à des jumelles. Ça me faisait quatre filles, et ça été difficile pour les jumelles parce qu’elles ont été malades durant les six premiers mois. »

Claude décide alors de fermer son école, d’arrêter la radio, et sa femme et lui font garder les enfants et ils partent en vacances durant un mois. « J’avais de l’argent, j’étais correct, mais pendant mes vacances, mon beau-frère avait vu une petite annonce dans La Presse. On cherchait un animateur-annonceur pour Télé-4, à Québec. À mon retour, j’ai réussi à avoir un rendez-vous à Québec, j’ai passé une audition, puis j’ai téléphoné à ma femme pour lui dire qu’on déménageait là-bas. Je proposais des émissions que je voulais animer, et on me disait oui ou non. » Disons que sa moyenne au bâton a été bonne, puisqu’il en a animé plusieurs en plus d’être producteur. Des années dont il conserve de beaux souvenirs. « J’animais, mais je faisais aussi la recherche, je touchais à tout, je faisais même la météo. J’ai été là durant cinq ans, et en même temps, j’ai acheté une terre à Saint-Lambert de Lévis et j’ai élevé des moutons. »

 

Quel parcours! Le destin allait frapper de nouveau ou plutôt, Claude allait le provoquer, ce qui allait changer le cours de sa carrière. « À Télé-Métropole, ils voulaient une émission pour enfants. J’ai soumis une idée qui tenait sur deux pages à Robert L’Herbier, qui était le grand patron, et il a été intéressé. Il y avait une première partie pédagogique avec le degré scolaire des enfants, de la deuxième à la sixième année, et il y avait une seconde partie qui faisait place aux activités manuelles. Autour de la table de la réunion, l’idée a été lancée que je sois le Capitaine Cosmos, on a décidé de me faire un costume, et on a ajouté deux robots. Comme je courais un peu partout dans le studio d’un jeu à l’autre, on m’a donné un assistant (Vermicelle). Ça été un gros succès, mais au départ, je ne savais pas jusqu’où on allait aller avec ça. On a commencé par faire des émissions durant treize semaines à l’été, et finalement, Les Satellipopettes ont duré de 1979 à 1990! Quand on a fini, il y avait trois mille écoles qui attendaient pour venir à l’émission! »

Le Capitaine Cosmos de Claude Steben et sa ligne célèbre « Que la force soit avec toi », sont entrés dans l’histoire télévisuelle québécoise, et le succès ne s’est pas limité qu’à la diffusion de cette émission. Des disques et des albums à colorier ont été mis en marché, et quantité de spectacles ont été présentés un peu partout au Québec. « On faisait des arénas tous les samedis, partout au Québec. Il y avait beaucoup de chansons et je faisais monter du monde sur scène pour différents jeux » raconte-t-il.

Claude Steben aux côtés de l’un des robots des Satellipopettes. Il tient le seul et unique casque qu’il a porté si longtemps, pour son personnage de Capitaine Cosmos.

« J’ai aussi fait des conférences dans des écoles (en Capitaine Cosmos), à la demande de l’ex-chef de police Jacques Duchesneau, pour sensibiliser les jeunes aux répercussions de consommation de drogues. J’ai créé la conférence avec des experts en toxicomanie, et j’étais payé par La Fondation Jean-Lapointe. On a fait ça durant six ans, un peu partout au Québec. » Souvenons-nous aussi que Claude a joué durant douze ans sur scène dans Les Moines et différentes versions de ce spectacle, en compagnie de camarades comme Serge Turbide (l’auteur), Jean Faber et Septimiu Sever.

Claude Steben est en forme, il est fier grand-père de seize petits-enfants, et loin de laisser le temps couler, il travaille sur plusieurs projets qu’il compte soumettre, notamment à une maison d’édition. De plus, il fait du théâtre avec Thérèse, sa compagne qui est à ses côtés depuis quarante ans. Une pièce destinée aux enfants du primaire. Comme vous le devinez, le mot retraite ne fait pas partie de son vocabulaire!