À 76 ans, elle est en grande forme et toujours aussi passionnée

 

Un beau projet télé, deux livres à paraître, Danielle Ouimet toujours aussi active !     

Au téléphone, la voix est toujours aussi suave et soudainement, je me suis retrouvé de nombreuses années en arrière, quand j’aimais tant l’écouter lorsqu’elle animait à la radio. Danielle Ouimet a beau avoir 76 années au compteur, elle est toujours aussi dynamique, drôle, en verve, et la tête remplie de projets. Ça été un bonheur que de prendre de ses nouvelles et de l’écouter se raconter.

« Les gens me disent souvent qu’ils ne me voient plus… ils ne sont pas obligés de me voir pour que je fasse des choses, dit-elle en riant. C’est drôle parce que j’ai fait beaucoup d’émissions de télévision dernièrement, je suis rendue à un âge où ils veulent savoir ce que je pense! »

D’abord, la bonne nouvelle. « J’ai un projet bien l’fun et si ça va comme je veux, je vais travailler jusqu’à la fin de vie. Je ne peux pas dévoiler les détails, mais c’est en culture, et je travaille avec France Beaudoin. J’ai eu une idée, j’ai approché France, et elle m’a dit : « Quelle bonne idée! » Alors on est en train de faire ça ensemble, ça fait déjà un an qu’on est là-dessus, ça ne se fait pas du jour au lendemain », confie-t-elle.

Mis à part ce projet, Danielle s’est mise à l’écriture, et les retombées s’annoncent intéressantes. « J’ai commencé à écrire un livre, j’avais au-delà de six cents pages d’anecdotes, et je l’ai présenté à un éditeur. Il m’a dit que c’était extraordinaire, et qu’une chose leur avait paru plus évidente. « En lisant les anecdotes, il y en a quelques-unes qui sont reliées à tout ce que tu as vécu à cause de ce que tu as fait (en parlant de Valérie), et d’avoir osé à une époque où ce n’était pas facile d’avancer », m’a-t-il dit. Et on a ajouté qu’avec le mouvement metoo, pourquoi est-ce que je ne parlerais pas de toutes ces choses qui étaient permises à l’époque, et qui ont évolué au point où elles ne sont plus permises aujourd’hui? Et d’écrire mes idées et mes pensées là-dessus. Effectivement, alors je vais donc avoir deux livres qui vont paraître : un livre d’anecdotes, et l’autre sur tout ce qui m’est arrivé, les choses bonnes et mauvaises. Tu vois, moi, me faire flirter et me faire mettre la main sur l’épaule, je trouve que c’est un compliment, et les jeunes aujourd’hui prennent ça comme un assaut. J’ai eu un homme qui m’a suivi pendant six ans, il m’achetait la moitié de son épicerie chaque semaine, et il venait me déposer ça à CFGL. S’il avait fallu que je prenne ça pour du harcèlement, j’aurais mis le trouble partout. Moi je trouvais ça drôle, et il était correct et s’il avait fait des choses croches, je l’aurais dit. Écoute, j’allais faire des défilés de mode à Rimouski, et je le voyais dans la salle, il avait pris l’autobus pour venir me voir », raconte-t-elle.

Avec Valérie – le film a pris l’affiche en 1969 – et L’initiation (1970), entre autres, Danielle a connu la gloire instantanée, et elle croit, avec raisons, que les gens s’en permettaient plus à son endroit que si elle avait joué, par exemple, dans un téléroman. 

« Le constat que je fais, et il a fallu que je vieillisse pour le comprendre, est que les gens venaient beaucoup à moi parce que je correspondais à quelque chose qu’ils auraient peut-être aimé faire. Pas du cinéma, mais en ce sens d’avoir le courage de faire quelque chose jusqu’au bout. Moi j’ai dit je vais le faire, advienne que pourra. En fait, c’est d’avoir osé, je pense que tout le monde aurait bien aimé prendre une décision qui était outrageante pour certaines personnes, et qui moi, m’amenait quelque part. Et de m’y tenir aussi. J’aurais pu m’effondrer aussi, mais je voulais faire ce métier-là. J’ai pris une direction à une époque où tout éclatait, je n’ai presque pas de mérite en ce sens que c’était le FLQ, c’était le Québec libre, Pierre-Elliot Trudeau qui disait « fuddle duddle » aux gens. C’était la nationalisation de l’électricité, l’arrivée de Monsieur Lévesque, des choses majeures, et j’ai fait partie, en quelque sorte, dans une certaine mesure, de ce changement majeur-là. Je me suis tenue debout là-dedans, mais ce n’était pas évident. Les gens ont peut-être admiré mon guts. Ça fait partie de ma nature, je ne me laisse pas abattre et je n’abandonne jamais », dit-elle.

Ce serait assez réducteur de n’identifier Danielle qu’au film Valérie, puisqu’elle a réussi, après ce film, à se bâtir une belle carrière. Que l’on pense à Bla-Bla-Bla, émission quotidienne qu’elle a animé de 1993-2000, sans oublier qu’on l’a notamment vue à titre de comédienne dans Dominique (1977-1979), L’or du temps (1989-1993), Le négociateur (2005-2008) et plus récemment dans Bon matin Chuck.

« Écoute, mon CV a 32 pages! Il y en a beaucoup qui ne savent pas ce que j’ai fait. Je te jure, j’ai fait plus de comédie que j’ai faite de nudité! J’ai fait Dominique avec Dominique, j’ai fait quantité de sketchs avec Claude Blanchard, j’ai fait aussi trois films drôles… Les gens n’ont pas embarqué là-dessus, parce que ce n’est pas là-dessus que je me suis fait connaître. »

Confidences…

– « J’ai toujours souffert du fait qu’on pensait que les choses me venaient facilement à cause de cette espèce d’aura. Les gens s’approchent plus facilement de toi que quelqu’un qui a l’air bête, c’est sûr! 

– Il y a un signe de légèreté qui s’est toujours resté accroché à moi. « Elle s’est mise toute nue, donc elle n’a peut-être pas trop de tête. » J’ai toujours eu à me battre, ce qui est bien, parce que ça m’a toujours forcée à travailler. C’est vrai que j’aurais pu abandonner pour me trouver un métier sécure… En ayant toujours à prouver quelque chose, ça te force tout le temps à aller plus loin toi-même, et ça, j’ai beaucoup aimé ça.

– Je me souviens d’une interview que j’avais faite avec Lise Payette. Elle n’arrêtait pas de me présenter en ondes comme une fille pas seulement belle, mais intelligente. Oh que je l’aimais, et elle insistait sur ce point. Les gens n’ont pas dit ça de moi, pendant des années, parce que d’oser, ça te fait légère et sans conséquence, probablement. 

Si vous pensiez donc que Danielle était à la retraite et avait fait une croix sur son métier public, détrompez-vous, de belles choses vont voir le jour.

 

 

 


 

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