Le tatouage a la cote depuis plusieurs années et ça s’adresse aux jeunes comme aux moins jeunes. Signe des temps, c’est le détatouage qui gagne maintenant en intérêt auprès de ceux qui, trop vite parfois, ont fait graver un symbole, un nom ou une simple phrase qu’ils ne désirent plus voir sur leur corps. En effet, cet engouement pour le tatouage a fait naître son opposé : le détatouage.

« C’est l’avancement de la technologie, avec toutes les possibilités artistiques qu’elle offre aujourd’hui, qui a rendu le tatouage si populaire ces dernières décennies », selon Chantal Dumont. Julie Levert et Chantal Dumont, deux professionnelles de la santé et des services sociaux, l’ont compris en ouvrant, il y a trois ans, la Clinique Méduse logée dans les locaux d’une clinique médicale de Saint-Jérôme. « On était en pleine COVID. Les gens recherchaient une forme d’évasion à l’isolement, je suppose. Certains font ça sur un coup de tête, mais la plupart, c’est pour exprimer qui ils sont et trouver leur identité propre. Chacun a sa personnalité et ses propres thématiques. Les options sont à l’infini », dit-elle.

Retour vers le passé

Près d’une personne tatouée sur cinq décide de revenir en arrière. « Sur ce nombre, seulement 30% de nos clients acceptent un nouveau tatouage après l’intervention. Les autres décident de passer à autre chose. C’est souvent le cas pour les gens qui veulent effacer à tout jamais le nom d’un ancien amoureux ou l’emplacement physique de cette marque. Par contre, ceux qui le font, c’est pour repartir avec quelque chose qui leur ressemble un peu plus aujourd’hui », souligne Mme Dumont.

Le tatouage et le détatouage appartiennent à une clientèle spécifique. On pense souvent que le tatouage est l’affaire des jeunes, Détrompez-vous, la moyenne des clients en détatouage de la Clinique Méduse a entre 40 et 55 ans avec des moyens financiers plus élevés, bien sûr, que les plus jeunes, selon la copropriétaire de la clinique. « Il y a parfois des gens plus âgés, dans la soixantaine et même plus vieux, qui ont recours à nos services. Chez nous, nous ne faisons pas de tatouages comme d’autres entreprises qui offrent les deux services. Nous laissons ça aux artistes. De fait, nous aimons le côté médical lié à cette pratique. C’est un peu notre première vocation et c’est pour ça que les conditions sécuritaires sont au premier plan chez nous. »

 

Douleurs assurées

Que tous les tatoués de ce monde se fassent à l’idée : subir un détatouage n’est pas une mince affaire. « Assurément, c’est plus douloureux qu’un simple tatouage et plus coûteux aussi. Attention, pour ceux qui sont plus sensibles au niveau du fessier, c’est à cet endroit que c’est le plus douloureux. Pour le dos, par contre, de même que pour les épaules et les cuisses, les choses se passent mieux. Une chose demeure : certaines zones du corps mettent plus de temps à guérir. »

 

Les divorcés du tatouage acceptent mal parfois leur séparation avec ce petit souvenir incrusté dans leur peau. « Aucun de nos clients n’a jamais perdu connaissance, au moment du détatouage, parce qu’ils avaient déjà vécu l’expérience du tatouage. Quand même, dans les cas les plus extrêmes, on a vu certaines personnes vomir littéralement. Les raisons sont difficiles à expliquer. Peut-être la nervosité ou l’abandon d’un vieux souvenir incrusté bien profondément dans leur mémoire personnelle. »

 

« Pour nous, il est important de sécuriser nos patients. Avant l’intervention, on prend notre temps. On jase avec nos clients. Ce qui compte, c’est qu’ils soient à l’aise dans tout le processus qui ne dure, au fond, que quelques minutes par traitement. »

La démarche peut être longue. Sept à huit traitements peuvent être nécessaires pour effacer complètement un tatouage. La patience est aussi de rigueur puisqu’un délai de huit semaines est nécessaire entre chaque traitement. Ce processus, dans sa totalité, peut s’étirer sur une période de six mois à un an. Les tatouages les plus anciens disparaissent plus rapidement, car la qualité des encres utilisées à l’époque était moins bonne qu’aujourd’hui. Par ailleurs, dans d’autres cas, quelques rencontres suffisent pour se départir de ce souvenir dont on ne veut plus. Certaines zones peuvent prendre aussi plus de temps à guérir.

 

Bien sûr, il y a aussi les couleurs. Oui, n’en doutez pas, les couleurs peuvent influencer le nombre d’interventions nécessaires. « Le rouge, par exemple, est particulièrement difficile à effacer parce que tous les pigments ne pénètrent pas au même degré dans le derme. Par contre, le travail est plus facile pour des couleurs comme le mauve, le noir et le turquoise entre autres », souligne Chantal Dumont.

La Clinique Méduse utilise une technique éprouvée : un système de détatouage au laser. Dans beaucoup de cas, les méthodes actuelles peuvent être discutables voire même dangereuses. Certains clients doivent vivre après-coup avec les lourdes conséquences d’un mauvais traitement. « Notre technique est sûre et totalement sécuritaire. Hormis le laser, aucune technique n’a donné de meilleurs résultats à ce jour », selon elle. Mme Dumont compte elle-même plusieurs tatouages, tout comme sa collègue de travail. « Ensemble, nous avons expérimenté la technologie que nous avons achetée. Nous voulions être certaines que cette technologie était la meilleure solution pour nos clients. »

« C’est une technique de pointe, coûteuse à l’achat pour nous les propriétaires, mais qui nous permet d’en arriver à de meilleurs résultats et dans de meilleurs délais. Nous sommes les seuls, dans la Couronne Nord, à utiliser cette méthode. Résultat : les gens viennent de Toronto, Sherbrooke et d’autres villes du Québec pour profiter de cette avancée technologique. »

 

À ce jour, aucune technique ne s’est montrée satisfaisante à 100% même si le laser demeure la meilleure option, selon la documentation scientifique. Précisons enfin qu’aucune loi n’encadre présentement l’équipement et la pratique du détatouage au Québec.

 

Informations : cliniquemeduse.net

 


 

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