Un sujet tabou. Le squirting est l’un des termes les plus populaires dans le milieu de la pornographie. L’idée même suscite de nombreux fantasmes chez les adeptes de sites pornos. Toujours associé à l’éjaculation féminine, ce phénomène n’a pourtant rien à voir avec cette réalité.

Le Dre Magalie Benoît travaille dans deux cliniques en région parisienne, en France. Elle est docteure en psychologie, sexologue, formatrice, conférencière et auteure de trois livres, dont le dernier, Je squirte donc je suis, publié en juin 2022. Elle en a fait sa spécialité, après l’avoir expérimenté elle-même, avec son conjoint. Elle a compris alors la méconnaissance de ce phénomène pour toutes ces femmes.

L’éjaculation féminine demeure taboue chez beaucoup de femmes, selon le Dre Benoît, « Elles s’interdisent de vivre cette expérience à cause d’une méconnaissance ou d’une incompréhension de ce phénomène. Souvent, mes patientes pensent souffrir d’anorgasmie, c’est-à-dire de cette incapacité d’avoir des orgasmes parce qu’elles pensent avoir un problème », dit-elle. C’est donc à travers ses différentes consultations et ses interventions dans les écoles, en tant qu’animatrice en vie sexuelle et affective, qu’elle s’est rendue compte de l’importance de faire comprendre ce phénomène aux jeunes filles et de le dédramatiser.

Son expérience

Pour elle, il est donc temps de démystifier et de faire tomber les tabous sur ce phénomène. Cette expérience, au bout du compte, est un peu son histoire. Le Dre Benoît n’a aucune gêne à parler de sa propre expérience. « C’est un phénomène naturel. Qui plus est, je suis très à l’aise avec ma sexualité, ce qui n’est pas le cas pour toutes les femmes », dit-elle. Sa première révélation s’est produite vers l’âge de 27 ans, avec son mari de longue date (16 ans), une union solide qui a mené à la naissance de trois enfants. « La première fois, c’est sûr, c’est impressionnant. Au départ, on pensait tous les deux qu’il s’agissait d’urine. La sensation du squirt, c’est un peu une sensation d’uriner, une certaine forme de relâchement disons. »

« Il y a eu comme un moment de surprise, autant pour mon amoureux que pour moi. Je connaissais déjà ce phénomène, c’est certain, mais pourquoi à ce moment précis de ma vie. Ce n’est pas quelque chose qui se produit à chaque relation sexuelle. De fait, en vieillissant, on réalise que ce phénomène se produit de moins en moins. Étrangement, cette situation ne produit pas de jouissances supplémentaires à l’orgasme, mais quand on l’a vécu, on veut la revivre encore et encore. C’est quelque chose qui demande beaucoup d’énergie, mais les femmes doivent savoir, quand on a vécu cette expérience, on peut la contrôler sans problème. La masturbation est une bonne façon d’y arriver. Il s’agit de bien connaître son corps.»

Le médical du phénomène

Chaque mois, le Dre Benoît reçoit des patientes en mal de réponses concernant ce phénomène appelé le squirting ou, plus précisément, le mystère des femmes fontaines, c’est-à-dire celles qui réussissent à éjaculer de façon abondante lors de l’orgasme. « Ce phénomène n’est pas forcément corrélé à l’orgasme. De fait, on peut éjaculer sans orgasme », dit-elle.Le phénomène n’est pas nouveau. L’éjaculation féminine a été décrite, dès les années 1950, par Ernst Gräfenberg. Ce phénomène aurait même été mentionné dans des manuscrits indiens du XIe siècle, selon certaines sources.

De nombreuses études ont été menées au cours des dernières années sur ce phénomène. Alors, qu’est-ce qu’une femme fontaine? Tout comme l’éjaculation masculine, l’éjaculation féminine est un phénomène physiologique qui apparaît lors de l’orgasme ou en périphérie. Au moment de la jouissance, la femme produit un liquide transparent. Le corps émet, à ce moment, une réponse musculaire involontaire en réponse à un stimulus d’ordre sexuel. Le liquide produit, lors de l’éjaculation féminine, provient de glandes situées à proximité du vagin et de l’urètre. C’est le canal de sortie de l’urine qui part de la vessie et débouche sur la vulve, entre le clitoris et le vagin.

L’éjaculation féminine consiste à produire du liquide en faible quantité et en plusieurs petits jets. « C’est la raison pour laquelle ce phénomène passe inaperçu », selon le Dre Benoît. Les femmes fontaines produisent, elles, une plus grande quantité, et ce, de manière abondante et continue. La littérature scientifique nous apprend aussi que les femmes peuvent évacuer plus de 300 ml par orgasme et le jet est habituellement continu. Ce phénomène survient lorsque les femmes prennent réellement du plaisir et que l’orgasme est puissant.

« À tort, le phénomène des femmes fontaines est souvent associé à une incontinence urinaire même si le liquide expulsé n’est pas de l’urine bien qu’il puisse provenir de la vessie. Il n’y a pas de honte à vivre avec ça. Ce n’est rien de sale. Ce n’est pas de l’urine. C’est un fluide incolore et sans odeurs. Plusieurs des femmes, qui viennent me consulter chaque mois, sont mal à l’aise d’aborder la question, même avec leurs meilleurs amis. Il est difficile, pour moi, de vous dire si les partenaires de mes patientes ont été prévenus de la situation avant la relation. Ne me demandez pas non plus si ces femmes ont perdu certains partenaires à cause de cela. Ça relève encore du tabou, du non-dit, et c’est à ce stade que mon travail commence. »

« Toutes les femmes peuvent en faire l’expérience. Disons-le simplement, le squirting n’ajoute rien à la jouissance sexuelle des femmes. Pour certaines, il s’agit souvent d’une position sexuelle un peu différente pour déclencher cette explosion d’amour. » D’autres sources le confirment : pour éjaculer avec une telle intensité, l’essentiel est avant tout de se détendre, d’être en confiance et de prendre du plaisir.

En somme, pour bien des gens, ce phénomène sexuel fascine, excite ou est source de fantasme. Pour d’autres, c’est un sujet de gêne ou de dégoût. Quoi qu’il en soit, l’éjaculation féminine ou la fontainisation, comme certains se plaisent à l’appeler, est un phénomène tout simplement naturel.


Qui est la Dre Magalie Benoît ?

Magalie Benoit pratique au Centre de Fertilité de l’Est Parisien à Bagnolet. Dre Benoit se spécialise également en accompagnement dans les domaines de l’infertilité, la sexologie, les thérapies de couple, le syndrome du stress post-traumatique.

Elle est aussi auteure de trois livres qui traitent de la sexualité. Elle nous parle de son ce troisième livre: « la première partie parle de mon histoire, donc de mes premières expériences, la seconde de certains principes anatomiques et la dernière de cas cliniques. Je pense que toutes les femmes fontaines de ce monde vont se reconnaître dans ce livre. » Pour commander le livre : Leslibraires.ca


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