À l’aube de son 73e anniversaire, qu’il célébrera le 17 mars, l’auteur-compositeur-interprète, comédien et poète Daniel Lavoie multiplie les projets professionnels, dont une série de spectacles à travers le Québec prévue en 2023. Il s’agit d’un retour attendu, ses dernières présences en solo sur une scène québécoise remontant à 2017 dans la foulée de son album Mes longs voyages.

Tension Attention

« Ce nouveau spectacle soulignera le 40e anniversaire de la sortie de l’album Tension Attention, qui avait lancé ma carrière internationale », indique Daniel Lavoie en entrevue au magazine Rebel depuis Bologne, en Italie.  Paru en 1983, cet opus culte avait cartonné dans la francophonie, récoltant quatre Félix (chanson, microsillon et interprète de l’année et, l’année suivante, l’artiste s’étant le plus illustré hors Québec), un Victoire de la musique (Meilleur album francophone) et un Midem d’or (décerné pour la chanson Ils s’aiment). Récompensé au Marché International du Disque et de l’Édition Musicale (Midem), qui se tient chaque année au Palais des festivals et des congrès de Cannes, le tube Ils s’aiment s’était écoulé à plus de deux millions de copies dans sa version originale en plus d’être repris dans cinq autres langues. En 1999, les Français l’élèvent au rang de la « chanson du siècle ».

Albums en préparation

Par ailleurs, Daniel Lavoie est à plancher sur deux nouveaux albums, ses 24e et 25e en carrière. Il a confié la réalisation de l’un d’eux à son fils Joseph. « On a déjà travaillé ensemble et on s’entend super bien » , souligne le paternel en évoquant son dernier CD et la tournée qui s’en est suivie. « C’est un album que j’ai fait pour mon plaisir avec mon ami André Lambert, saxophoniste et arrangeur depuis 40 ans, sans vraiment penser au marché. Je l’ai écrit pendant la pandémie ; j’avais envie d’aller explorer un paysage que je ne connaissais pas du tout et ç’a donné un album de chants folkloriques country et jazz en anglais». Son dernier disque compact dans la langue de Shakespeare remonte à Woman to man, il y a 28 ans. L’autre CD en préparation implique Laurent Guardo, un vieux complice avec qui il avait produit en 2014 La Licorne captive, une œuvre musicale contemporaine à saveur médiévale. Cette fois-ci, le projet repose sur « des poèmes de Raimbault mis en musique par Laurent et chanté par moi avec la participation, entre autres, de Bruno Pelletier », note l’artiste franco-manitobain.

L’homme éléphant

Comme si ce n’était pas assez, Daniel Lavoie poursuit son projet de comédie musicale inspiré de Merrick, l’homme éléphant (1862–1890) qu’il a coécrit avec son collègue Richard Charest (Gringoire dans Notre-Dame de Paris). « C’est un énorme bateau à monter » ,reconnaît celui qui souhaiterait voir cette production prendre l’affiche en 2024.

Dans la peau de Frollo… Succès imprévu !

Tous ces projets, Daniel Lavoie les mène de front avec la tournée mondiale de Notre-Dame de Paris qui se poursuit depuis le 20e anniversaire, en 2018. Angleterre, France, Belgique, Liban, Turquie, Russie, Chine, Corée du Sud et Taiwan, voilà autant de pays qui ont marqué son itinéraire au cours des quatre dernières années. « Le personnage a vieilli de 20 ans, rappelle celui qui incarnait le prêtre Frollo lors de la première mouture. Je le sentais dans ce que je suis. Un personnage, c’est un peu nous-même quand on entre dedans ».  L’interprète ne voulait pas refaire un jeune Frollo, jugeant plus à propos de le jouer « un peu plus fragile, plus sensible, mais toujours aussi perdu dans sa quête de vérité». « J’ai eu un grand plaisir à retrouver ce personnage complexe et très humain, finalement ; un personnage multidimensionnel», ajoute le septuagénaire qui se sent privilégié de faire partie de cette célèbre comédie musicale que l’on doit à Luc Plamondon et Richard Cocciante.

Daniel Lavoie, qui s’est glissé dans la peau de Frollo plus d’un millier de fois, a été renversé par le succès de Notre-Dame de Paris. « On ne pensait absolument pas que ça connaîtrait un grand succès, confie-t-il. À l’époque, la musique ne correspondait pas à ce qui passait à la radio ni à ce que les gens écoutaient. On ne pensait pas que ça marcherait ; on avait l’impression que c’était bon et quand on chantait, on disait ‘‘mon Dieu, c’est donc bon, ça pourrait marcher’’, mais en même temps on pensait pas que ça marcherait ».

« D’arriver maintenant, 20 ans plus tard, dans des pays à l’autre bout du monde devant des gens qui connaissent les paroles, capables de chanter les chansons en français et qui ont souvent appris le français pour comprendre Notre-Dame de Paris, c’est un phénomène assez remarquable. Il y a un grand bonheur, une grande satisfaction à apporter cela aux gens. C’est un peu pour ça que je fais mon métier et Notre-Dame de Paris m’a permis de le faire partout dans le monde, de rencontrer d’ailleurs des gens qui sont devenus des amis et ça pour moi, c’est un immense cadeau ».

Après la tournée asiatique qui s’est terminée en décembre, il retrouvera Frollo cet été pour une quarantaine de représentations. D’abord à New York, pour sept spectacles au David H. Koch Theater du Lincoln Center, la troupe reviendra au pays à la fin juillet.

Fier de ses origines franco-manitobaines

En juin dernier, l’Association des professionnels de la chanson et de la musique (APCM) décernait à Daniel Lavoie le prix Hommage du Gala Trille Or 2021, soulignant l’ensemble de son œuvre et sa contribution au rayonnement de l’industrie musicale francophone de l’Ontario et de l’Ouest canadien. Une reconnaissance qui revêt une signification toute particulière pour l’artiste franco-manitobain. « Le long parcours pour arriver à vivre et à se faire reconnaître en français quand on part d’un petit village moitié anglophone, moitié francophone au fin fond du Manitoba demande probablement beaucoup d’entêtement », reconnaît le natif de Dunrea. Attaché à son coin de pays, il a eu le plaisir d’y retourner l’automne dernier alors qu’il prenait part au spectacle du Gala Franco 150, soulignant le 150e anniversaire de l’entrée du Manitoba dans la Confédération canadienne. « Ç’a été un moment béni des dieux, dit celui qui en a profité pour faire un saut dans son patelin et renouer avec ses frères, neveux, nièces, cousins et cousines. Ce n’est qu’au Manitoba que j’ai de la famille».

 

Enfin, difficile de passer sous silence sa récente participation au conte musical Le vieillard et l’enfant, inspiré d’un texte de la grande écrivaine franco-manitobaine Gabrielle Roy. « Partager la pensée de cette femme, pour moi c’était un honneur, un plaisir » termine Daniel Lavoie en précisant que son roman autobiographique La Détresse et l’Enchantement illustre parfaitement la réalité des francos hors-Québec.

On sait que Daniel Lavoie tiendra l’affiche du Cabaret du Casino de Montréal le 13 avril 2023. Pour l’ensemble des dates de tournée, on consulte le site productionsmartinleclerc.com.

 

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