Elle a eu toute une carrière de comédienne et d’animatrice, sa voix a fait les délices des tout-petits (comme le disait si bien Bobino) durant des années, elle a écrit des romans, et voilà qu’elle reprend du service parce que nous la verrons sous peu camper un rôle dans Sorcières, la nouvelle série de TVA qui a été lancée cet automne. Christine Lamer a de l’énergie à revendre et elle mérite amplement de figurer dans cette chronique consacrée à nos idoles.

 

 

« Ma carrière a été une succession de défis que j’ai relevés. En vingt ans, j’ai écrit 11 romans. Le secret : il faut que tu aies des projets et si ça ne se réalise pas, tu en trouves d’autres! »

 

 

« Ma carrière, dit-elle, a toujours été une succession de défis que j’ai relevés. À 19 ans, j’étais étudiante à Vincent-d’indy, je jouais du piano et je voulais faire carrière comme concertiste. Mon père était le réalisateur de Bobino et un jour, il m’a dit que Paule Bayard, qui était la voix de Bobinette, était malade, et il m’a demandé si je voulais la remplacer. J’ai d’abord dit non. J’étais rendue au bac en musique, je me voyais aller étudier en Europe, et après ça jouer sur toutes les scènes du monde. J’étais capable de déchiffrer une partition de musique, mais déchiffrer un texte et le jouer? Je n’avais pour ainsi dire pas fait de théâtre plus jeune, mais j’imitais Bobinette! »

Christine a décidé de tenter l’expérience, et ça s’est avéré concluant. « Je suis devenue marionnettiste du jour au lendemain. Mon père était tellement nerveux, il s’appelait Marcel Laplante et à Radio-Canada, tu ne pouvais pas engager quelqu’un de ta famille. Le pot aux roses est sorti un an plus tard, bien du monde croyait que j’étais sa maitresse! C’est comme ça que de changer mon nom de Lise Laplante pour celui de Christine Lamer. »

Après avoir décroché cet emploi et mis sa carrière de musicienne en veilleuse, Christine a voulu parfaire ses connaissances et sa formation à titre de comédienne. « J’ai frappé à la porte de Janine Sutto et elle m’a donné des cours privés. C’était formidable parce que je donnais la réplique à de jeunes comédiens qui voulaient entrer au conservatoire, à l’école nationale », raconte-t-elle.

Christine a été la voix de Bobinette durant 12 ans. « Cette année, j’ai atteint les cinquante ans de carrière, parce que j’ai commencé à la radio en 1972. J’étais à CKLM, puis j’ai travaillé à CKAC, et c’est en 1973 qu’a commencé l’aventure de Bobino qui s’est terminée en1985. »

Marisol, un rôle marquant pour elle et le public

La comédienne a fait beaucoup de choses par la suite dans le milieu artistique. « Tout s’est enchainé et j’ai accepté de relever d’autres défis. Le rôle de Marisol est arrivé en 1980, mais de 1973 à 1980, sais-tu ce que j’ai fait? Des publicités. Si je n’en ai pas fait cent, je n’en ai pas fait une. J’ai tourné à Montréal, Toronto, New York et à Miami. Je passais des auditions et ça marchait, j’ai fait des publicités pour toutes sortes de produits. La deuxième pub que j’ai faite a été « Il faut beau dans le métro », réalisée par Jean-Claude Lord, avec Marc Messier! On était jeunes! J’ai énormément appris mon métier en faisant ça, et puis est arrivée mon audition pour Marisol. J’avais le rôle-titre dans une série qui a cartonné, c’était fou! Surtout quand le Comte Juan Maria de Portillo de Gonzalez (joué par Luis De Cespedes) est entré dans le portrait, on décrochait des cotes d’écoute de deux millions de téléspectateurs! »

Marisol a duré trois ans, et ce personnage a bien sûr marqué sa carrière. « Il y a beaucoup de bébés filles qui ont d’ailleurs hérité de ce prénom », dit-elle en souriant.

Deux ans plus tard, Réal Giguère, qui signait les textes du téléroman L’or du temps et qui en était l’idéateur, lui propose le rôle de Jackie Lévy. « Je lui ai dit : « Voyons, je ne peux pas jouer une bitch! » Il m’a répondu : « Oui, parce que ça va tellement loin de ce que tu as pu jouer dans Marisol, c’est ça qu’il te faut. » Alors j’ai accepté le rôle, je pense que je l’ai joué durant sept ans. »

Un couple, deux anges le matin!

Autre mandat important par la suite : elle se retrouve à l’animation de l’émission matinale Les anges du matin aux côtés de son mari, Denys Bergeron. C’était la première fois qu’ils travaillaient ensemble. Puis, après sept ans, elle se retrouve à l’émission Les Christine, avec Christine Chartrand. « Au fond, je n’ai jamais arrêté parce que lorsque ça été plus calme à la télé, j’ai fait du théâtre. J’ai fait cinq grosses tournées étalées sur plusieurs années avec la troupe La comédie humaine. Entre autres avec Mireille Deyglun, Béatrice Picard, Yves Corbeil, Marc-André Coallier et bien d’autres. J’avais fait du théâtre d’été auparavant, mais jamais de tournée et j’ai adoré ça. »

Au fait, parlant de Denys, Christine et lui se sont mariés en 1977, et leur fille Martine est âgée de 44 ans. « On a une magnifique fille, et deux belles-petites-filles. Clara a 15 ans, et Emma Saule en a 13, et c’est le bonheur! Elles ont assisté à l’enregistrement, en août dernier, de l’émission Les enfants de la télé à laquelle je participais. Les filles avaient les yeux grands, elles ont vu plein de choses que j’ai faites, ce sont des beaux souvenirs. »

 

Une autre corde à son arc : l’écriture!

L’animatrice, la comédienne, et puis il y a eu l’auteure! « J’ai commencé par écrire ma biographie, puis celle de mon beau-papa, mon cher Henri Bergeron. Ensuite, mon éditrice Annie Tonneau m’a suggéré d’écrire un roman. Un autre défi. J’y ai pensé, et je me suis prise à mon propre jeu parce que j’ai écrit une trilogie! En vingt ans, j’ai écrit dix romans, onze en fait, parce qu’il sera publié dans quelques mois. »

Ouf! Quand on dit aux jeunes comédiennes et comédiens, aux chanteuses et chanteurs qu’ils se doivent d’être polyvalents pour réussir à gagner leur vie dans ce métier, Christine Lamer en est un bel exemple! Elle n’a certainement pas fini de nous réserver des surprises, comme ce rôle dans Sorcières qu’on lui a offert. « 70 ans, je trouve ça formidable d’être rendue là. Il faut que tu aies des projets et si ça ne se réalise pas, tu en trouves d’autres! »

Christine a accepté de se faire photographier avec Bobinette, et la complicité est toujours aussi incroyable entre elles!

 


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