Vous êtes-vous déjà senti « plus dans le coup » lors de réunions ou de rencontres ? Avez-vous déjà eu le sentiment que votre âge a été un facteur lors du refus d’embauche ou de promotion ? Que des plus jeunes, plus technos, vous regardent de haut ? Rassurez-vous, vous n’avez pas la berlue. Vous êtes victime d’âgisme.

Jean-Claude, 59 ans, gestionnaire numérique, supposément la cour des jeunes, se retrouve au point de départ avec son entreprise de consultation après les tergiversations de la pandémie. Il décide alors de se concentrer sur la consultation et d’offrir ses services aux autres entreprises. Malgré ses 35 ans d’expérience et les 200 offres d’emploi pour lesquelles il avait les compétences, seule une poignée d’entreprises le contacte. « C’est frustrant, tu sais que tu as toutes les compétences et l’expertise pour faire le job, tu n’es même pas contacté. Tu te rends compte assez vite que les dates de formation et d’emploi font en sorte qu’ils peuvent assumer de ton âge » nous lance Jean-Claude. « Une fois ton CV ajusté, tu reçois un peu plus de réponses, mais c’est à la visioconférence que ça se gâte. Difficile de cacher des cheveux gris » dit-il en riant.  « C’est quelque part déprimant de voir que tu peux facilement faire le job demandé, la sienne et celle de son boss, mais qu’ils te font sentir comme un incompétent. Pourquoi ? Aucune idée, mais j’ai le sentiment qu’ils croient que tu ne donneras pas le rendement escompté ou que tu vas quitter pour la retraite bientôt et qu’ils devront recommencer le processus d’embauche et de formation rapidement. Quand tu vois que les générations des  Y et des milléniums ont la bougeotte et passent en moyenne 1 an et demi à un emploi, tu te poses encore plus de questions. » 

 

 

Mais l’âgisme ne se vit pas seulement dans l’emploi, mais bien aussi dans notre quotidien. De plus en plus de personnes se sentent repoussées par la conception prévalente dans la société envers les personnes de plus de 50 ans et voient des stéréotypes de vieillissement. « À 55 ans tu deviens transparente pour les hommes » de nous dire Laurence, 62 ans. « Et voilà ce qui explique tout l’univers de la chirurgie esthétique, les femmes ne peuvent pas vieillir, Botox, facelift, implants, tout y passe ! On doit rester jeunes, belles et sveltes. Mais bon Dieu, la beauté n’a pas d’âge » conclut-elle. On doit noter que l’industrie des produits anti-vieillissants témoigne de l’ampleur de ce problème. Le marché mondial des produits anti-vieillissement a été évalué à 60,42 milliards (US$) en 2021.

L’âgisme prend toutes sortes de formes. Prenez par exemple les subventions pour le démarrage d’entreprises. Moins de 30 ans ? Pas de problème, il y a une panoplie de subventions disponibles. Mais que fait-on de l’employé de 52 ans qui a offert plus de 25-30 ans à son employeur et qui coûte maintenant trop cher qui veut démarrer une entreprise et mettre à contribution son expertise ?  Niet, Nada, Rien ! 

 

 

OK Boomer !  

 

Nous avons tous entendu cette phrase souvent assassine qui dénote le manque de respect des jeunes envers les personnes plus âgées. Et pourtant, les boomers et la génération X ont contribué à l’avancement de la société avec des lois, des avancées médicales, technologiques et sociétales sans lesquelles nous serions figés dans le temps. Le malheur de vivre le moment présent fait en sorte que nous oublions que, sans la Révolution tranquille au Québec, la contre-culture, l’ouverture des esprits et l ‘acceptation des différences qui  ont été amorcées par les boomers et Gén X nous font oublier d’où nous venons.    Mais ce ne sont pas seulement les jeunes qui renforcent l’âgisme. Même nous, cinquantenaires et plus nous y contribuons en jugeant le mode de vie des générations suivantes et en utilisant à outrance des « dans mon temps… ».    Notre temps, comme pour toutes les générations, c’est maintenant. 

 


 

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