Qu’on le veuille ou non, la mort fait partie de la vie. La Maison Sercan de Saint-Eustache s’est donnée comme mission d’intervenir auprès de ces gens en fin de vie. Chaque petit moment compte dans ce parcours qui nous mène vers l’inconnu. L’objectif est de permettre à tous les patients de réaliser ce passage dans la dignité.

La Maison Sercan est un organisme à but non lucratif à trois volets qui regroupe des services spécifiques liés au traitement du cancer (transport pour les rendez-vous, prêt de perruques, groupe de soutien, etc.). L’aventure a débuté, en 1992, alors qu’une étudiante en travail social et quelques bénévoles mettent sur pied Sercan qui offre des services d’échange et d’entraide dédiés aux personnes atteintes de cancer, de même qu’à leur entourage.

Dans la maison de soins palliatifs Sercan, on accueille les résidents pour des séjours de 3 mois et moins. Les familles sont les bienvenues en tout temps, et ce, 24 heures par jour. « Nous pouvons installer un lit d’appoint aux proches qui veulent y dormir et demeurer tout près des gens qu’ils ont connus et aimés toute leur vie », souligne la directrice générale, Frédérique Gougeon, qui est en poste depuis mai 2023. « Cet emploi répondait vraiment à mes valeurs », dit-elle. « Pour moi, le don de soi, l’écoute et l’importance de permettre à nos résidents de mourir dans la dignité a toujours été au cœur de mon action sociale et professionnelle. Les gens ont le droit d’être traités comme des êtres humains. Certaines familles nous disent souvent combien nos services leur enlèvent un poids sur les épaules et combien tout ça a changé leur vie. Peu importe les circonstances, on ne s’habitue jamais à la mort. On apprend à la côtoyer tout simplement. Chaque jour, j’essaie de garder un environnement positif, autant pour les familles que le personnel. »

Un peu d’histoire

Frédérique Gougeon, directrice générale

 

La Maison de soins palliatifs Sercan de Saint-Eustache a pris forme en 2004. Son objectif : faire renaître l’espoir d’un meilleur passage pour toutes ces personnes et toutes ces familles frappées par l’irréparable. Un homme à sa tête, Fernand Briard, un entrepreneur de la Rive-Nord, s’occupe à l’époque d’amasser le million de dollars nécessaire à sa construction. À coup de subventions et de sollicitations auprès d’hommes et de femmes d’affaires, il réussira à amasser l’argent nécessaire. Il n’hésitera pas non plus à financer cette aventure de sa propre poche. Plus tard, en cet automne 2004, cette maison de soins palliatifs accueillait son premier résident. Depuis mai dernier, la maison de soins palliatifs compte une douzaine de lits. D’abord, il y en a eu 4, puis 7 et 12 maintenant. Forte de sa bonne réputation, l’établissement affiche complet mois après mois.

Mais, pour financer cette grande aventure, il y a la Fondation Sercan, le troisième bastion de cette grande quête qui a pour mission d’amasser les dons nécessaires afin de continuer d’offrir des soins de fin de vie de qualité, et ce, tout à fait gratuitement. « Malgré les subventions reçues, il nous faut 700,000$ par année pour maintenir à flot cet organisme, ce qui explique la nécessité de tenir autant d’activités de financement et de rajeunir l’âge de nos donateurs », souligne Mme Gougeon.

 

 

Témoignages touchants

Et puis, il y a les autres, ces parents, fils, filles et conjoints, qui tentent de mettre un baume sur cette réalité de perdre un être cher. Parmi eux, ce président fondateur de la maison de soins palliatifs, Fernand Briard. « L’idée m’est venue lorsqu’une proche de ma mère m’a interpellé : Est-ce que tu réalises que ta mère va mourir dans un simple corridor d’hôpital? Ça m’a donné un coup », dit-il.

M. Briard, 72 ans aujourd’hui, a mis 2 ans de sa vie à travailler à la mise sur pied de ce projet avec d’autres passionnés comme lui. Ce projet, bien sûr, a été réalisé avec le soutien de la communauté et du public qui a généreusement participé à cette grande offensive contre la mort. Plusieurs activités de financement, certaines toujours actives (loterie, bateaux-dragons, etc.), ont permis à la Maison de soins palliatifs Sercan de survivre en offrant les meilleures conditions de vie possibles à leurs résidents depuis toutes ces années.

« Gérer cet organisme, c’est un défi de tous les instants », souligne Mme Gougeon. « Heureusement, la population est derrière nous. Les gens sont conscients de notre apport dans la société québécoise et c’est ce qui nous incite à continuer jour après jour. Il faut maintenant trouver une façon d’attirer des bénévoles et d’autres donateurs. »

Ex-policier à la retraite, François Bellemare est l’un de ceux-là. Pendant 21 ans, il a soutenu son épouse dans sa lutte contre le cancer. D’abord, un cancer du sein qui s’est répandu progressivement dans tout le corps, un mal insidieux, sournois et silencieux qui a finalement eu raison d’elle à l’âge de 74 ans.

« Quand je l’ai laissée chez Sercan, je n’étais plus capable avec tous ces rendez-vous et ces traitements. Elle m’a dit tout simplement : C’est ici que tu viens m’abandonner? Ça m’a brisé le cœur, mais la magie s’est quand même installée. Trois jours plus tard, c’était déjà sa place. Elle avait tout accepté, même l’irréparable. Le personnel l’a tellement enveloppée d’amour et d’attention. Ces gens-là, chez Sercan, ce sont des anges sur pattes. »

Alain Gagnon, un entrepreneur des Hautes-Laurentides, souligne au passage la contribution de Sercan. « En janvier 2017, ma mère a été diagnostiquée avec de multiples diastases au cerveau. Tout est allé très vite par la suite. Elle a été là de février à avril. Jamais, je n’oublierai l’implication du personnel. Même après toutes ces années, je continue de garder contact avec les gens de Sercan. Je m’implique auprès de la fondation et je continue de contribuer à cet organisme qui est si près des gens en fin de vie. »

 

Pour informations: maisonsercan.ca

 


 

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