Après le long-métrage Une femme, ma mère, qui a eu une belle carrière en salle et dans les festivals. Claude Demers, celui-là même qui nous avait offert Les Dames en bleu en 2009, nous revient avec un film encore une fois très personnel et qui saura sans doute toucher beaucoup de cinéphiles.

« C’est un film qui est né en pleine pandémie, j’arrivais de Berlin et j’avais quitté ma fille (elle a maintenant huit ans), sans savoir quand j’allais la revoir. Le sujet s’est imposé, il y avait ce déchirement d’être séparé de ma fille, alors que sa mère travaille en Allemagne, et il y avait des questionnements, notamment comment je pouvais être un meilleur père. Et ça m’a replongé rapidement sur des questions de filiation, à savoir quelles sont les marques que m’ont laissées mon père adoptif, et mon père biologique », raconte-t-il. Cette réflexion sur la paternité offre de superbes images, et les propos tenus par le réalisateur sont fort intéressants, autant en sa qualité de père que de fils. La trame narrative nous permet de découvrir un pan de vie important du réalisateur, empreinte de questionnements, et trouvera certainement écho chez bien des pères. Il assure aussi la narration et la production de son film, qui se veut en quelque sorte un hommage à sa fille, et une façon poétique de rendre supportable l’absence de celle-ci.

En plus d’être confronté à vivre bien loin de sa fille, Claude Demers a pu trouver des réponses à ses questions concernant ses origines, il y a quelques années à peine, ce qui nous est révélé dans son film.

Des réponses à ses questions

 « Il y avait cette obsession chez moi, depuis longtemps, de savoir qui était mon père biologique. J’avais entrepris des recherches il y a dix ans, j’ai passé un test d’ADN, et j’ai finalement découvert que j’avais des origines italiennes. J’ai su qui était mon père, et je suis maintenant en contact avec ma famille. Tout ça a renforcé l’idée de faire un film sur la paternité », explique-t-il. Dans Journal d’un père, il est donc question de solitude, de ce père qui s’ennuie de sa fille qui vit à six mille kilomètres d’elle, et le réalisateur traite aussi de son père adoptif et de son père biologique, du temps qui s’écoule, et de ce qu’on veut laisser derrière soir.

« Il y a toujours quelque chose de personnel et d’universel dans les films que je fais, dit-il. Avec mon film précédent et celui-ci, Journal d’un père, on n’est pas dans le documentaire traditionnel. Celui-ci est un film extrêmement mis en scène, l’idée de départ était de faire comme des tableaux. J’ai apporté beaucoup de soin à l’image et à la lumière, et pour que l’on sente le temps dans le film, j’ai tourné lors des quatre saisons. Par exemple, on a tourné des images quand on a eu une pluie de verglas, sur lesquelles je parle de la crainte du monde que je vais laisser à ma fille. »

Le réalisateur confie se rendre à Berlin environ tous les trois mois pour voir sa fille, maintenant âgée de huit ans, qu’on ne voit pas dans le film. Il n’y a pas de hasard : le film Journal d’un père prendra l’affiche le 14 juin, jour de la Fête des Pères.

 


 

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