Le réalisateur Bernard Émond nous présentera sous peu son plus récent film, Une femme respectable, qui met en vedette Hélène Florent et Martin Dubreuil. Il s’agit de sa première réalisation depuis la sortie de Pour vivre ici (2018), avec Élise Guilbault et Sophie Desmarais.Le film a été tourné en février 2022, d’abord durant trois jours dans le Vieux-Trois-Rivières, puis toutes les autres scènes ont été faites en studio.

« C’est l’histoire d’une femme dont le mari est parti avec quelqu’un d’autre il y a onze ans. On est dans les années trente, alors elle n’est pas divorcée, elle n’est pas remariée, confie Hélène Florent. Elle vit dans la maison de ses parents, une maison très austère et très calme, et elle fait du bénévolat et ses petites affaires. Le retour de cet homme-là, qu’elle déteste et qu’elle aime, tout est contradictoire du début à la fin, va tout bousculer. »

Hélène et Martin Dubreuil n’avaient jamais joué ensemble, mais ils se connaissaient pour avoir pris part à la série 2 frères en 1999. « C’était mon premier contrat télé que j’ai eu en sortant de l’école, et on s’est un petit peu vus sur le plateau du film Maria Chapdelaine. On savait que ça irait bien, c’est vraiment un acteur que j’adore. On a fait vraiment un beau duo, et la chance qu’on a eue, et que j’ai rarement dans un travail de tournage, est qu’on a fait beaucoup de répétitions. On est passé à travers toutes les scènes, moi avec Martin, avec Brigitte Lafleur, et aussi avec les autres interprètes. Ça été un luxe incroyable et c’était vraiment agréable », ajoute la comédienne.

Une expérience unique

 

Pour Hélène Florent, c’était la première fois qu’elle avait l’occasion de travailler avec Bernard Émond et elle se dit vraiment enchantée de son expérience.
« J’ai fait une audition avant Noël, en 2021. Quand j’ai reçu le scénario, les scènes, je me suis dit : « Oh mon Dieu! » Bernard Émond est un amoureux du cinéma et il a toujours des rôles féminins incroyables. Alors je me disais que j’allais au moins faire sa rencontre, j’allais avoir la chance de travailler avec lui durant une heure, dans la salle d’audition », raconte Hélène, qui a bien sûr appris avec beaucoup de bonheur, peu de temps après, qu’elle avait décroché le rôle.

« Il y a beaucoup de silences dans le cinéma de Bernard, beaucoup de lenteurs, confie la comédienne. On épure tellement avec Bernard, il aime tellement le jeu dans sa plus simple expression, qu’il nous amène à ce qu’un regard, un soupir ou un hochement de tête, ont toute leur place et veulent vraiment dire quelque chose. Ce n’est pas dilué dans plein d’affaires et pour moi, c’était vraiment comme un rêve. À la fois un rêve de personnage, de travail d’actrice, et un rêve de rencontre avec lui. J’espère que les gens vont aimer ça, mais j’ai appris avec le temps – je pense que peux dire ça à quarante-neuf ans –, que ça ne m’appartient plus rendu là. Quand j’ai vu le film, j’ai été contente du personnage qu’on a construit avec Bernard et de ce qu’on a travaillé ensemble, en plus des choix qu’il a faits. C’est le personnage le plus en retenue, de peu de mots et de peu de gestes, que j’ai joué jusqu’à maintenant, ajoute-t-elle.

Pour Martin Dubreuil, il s’agissait aussi d’une première expérience avec Bernard Émond. « La base de mon trip d’acteur est de jouer pour des cinéastes que je respecte et que j’admire. Depuis mes débuts, je visais des réalisateurs, je voulais tourner pour Falardeau, Gilles Carle, Forcier, et quand j’ai connu Bernard Émond, je l’ai rajouté à cette courte liste-là. Ça faisait des années que j’espérais travailler avec lui. C’est un puriste et il a une signature bien singulière. Pour moi, ça été une forme d’accomplissement et j’aimerais que ça se reproduise à nouveau, parce que c’est aussi un apprentissage de jouer pour lui. »

Au sujet de son personnage de Paul-Émile, Martin confie : « Je n’ai pas de grosses tirades, ce n’est pas nécessairement un film dans lequel on parle tant que ça. C’est un personnage malheureux qui ne l’a pas facile, il fait des colères et il a tendance à boire. C’est sûr qu’il y a des petites frictions parce que lorsqu’il est chaud, il n’est pas fin, et ça ne fait pas l’affaire de Rose, le personnage d’Hélène. C’est un homme de cette époque-là, c’est un fils de bucheron, et il est capable d’être pas fin », raconte le comédien.

« Faire un Bernard Émond, c’était à cocher sur ma liste ». Martin Dubreuil

Le personnage incarné par Martin, donc, a laissé sa femme pour une autre, et après plus de dix ans, il retontit dans le décor parce qu’il est un peu mal pris, comme le confie le comédien. « Il était vraiment parti comme un sans-cœur, et il revient avec plein de remords, mais est-ce que ce sont des remords sentis? Ce n’est pas tout noir ou tout blanc. » Tout comme Hélène Florent, Martin Dubreuil a adoré son expérience avec le réalisateur qui en est à son neuvième long-métrage.

« Faire un Bernard Émond, c’était une quête, c’était à cocher sur ma liste. Le fait de jouer très minimaliste, sans superflu, ça a été une expérience. Tu sais, moi je n’ai pas de formation, je n’ai pas fait d’école, et quand je tourne, j’apprends tout le temps. Je peux jouer de façon extravagante, je me lance dans des styles, et ma signature est que je suis toujours assez véridique. C’est toujours spontané, et avec ce film, j’ai appris à jouer avec un peu plus de retenue, et j’ai pris des notes. Ça été formateur au niveau du style de jeu. »

Comme le précisait Hélène, les décors, les costumes, les coiffures, tout a été merveilleusement mis en place pour plonger les acteurs et, bien sûr les spectateurs, dans les années 1930.

Lorsque je lui fais remarquer que ce rôle dans Une femme respectable va probablement amener les spectateurs à saisir toute l’ampleur de son talent, Hélène répond : « T’es fin de dire ça, dit-elle en riant, mais tu sais, ce ne sont pas tous les personnages qui nous amènent à nous dépasser et à nous réinventer. On se le souhaite à chaque projet, mais évidemment que le fait d’être dirigée par quelqu’un de nouveau, dans ces habits-là des années trente, ça nous amène ailleurs. Dans mon travail, j’ai eu l’impression d’aller quelque part où je ne suis jamais allée. C’est sur que je suis bien fière de ce qu’on a fait avec Bernard et avec Martin. C’est un bel univers, c’est du Bernard Émond. Ce film-là, pour lui, a comme un lien avec La femme qui boit. C’est un peu le même genre, ça faisait un pont avec ce film. Il avait déjà dit qu’il n’allait plus faire de film, alors je suis bien chanceuse qu’il ait décidé de faire celui-là. Je l’adore, c’est vraiment un homme respectueux des acteurs et de l’équipe. Il tripe sur le jeu comme j’ai rarement vu. J’avais l’impression, pendant le tournage, que chaque jour, on faisait un petit collier de perles. »


Mis à part ce film qui prendra l’affiche à la fin de l’été, Hélène est en tournage sur la série de science-fiction Société distincte, que l’on verra au Club Illico. Antoine Pilon, Maude Guérin et Robert Naylor seront notamment en vedette dans cette série qui comptera dix épisodes. « C’est un beau personnage avec lequel je vais bien m’amuser. »
Quant à Martin, il a tourné ce printemps dans la deuxième saison de la série Bête noire, et on le verra plus tard cette année dans la série IXE-13 dans laquelle il joue le méchant de service.

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En salle à partir du 18 août.


 

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