Béatrice Picard a fêté ses  94 ans le 3 juillet. Elle est belle à voir aller, elle se déplace avec vigueur, et c’est un plaisir de l’écouter parler de sa carrière et des choses qui lui tiennent à cœur. Active, vous dites? Pas à peu près! 

Que ce soit du théâtre, des radio-romans, des téléromans et des séries télé, du cinéma, de la postsynchronisation, Béatrice a touché à peu près à tout grâce à son talent et à sa polyvalence, au cours de ses 75 ans de carrière. « Non-stop, précise-t-elle avec un grand sourire. J’étais très grande, alors on m’a souvent donné des rôles de mères, j’ai joué les filles revêches, parce que je suis très vive, et je peux avoir une voix un peu sèche. Quand j’ai étudié à Paris, la dame qui m’enseignait m’a dit un jour : « Béatrice, tu as vingt ans, tes beaux rôles vont t’arriver vers l’âge de quarante ans. » À mes débuts, je prenais donc tout ce qui passait, même les petits rôles, parce que je jouais avec du monde qui était arrivé et qui était bon. Je les regardais jouer, j’étais toujours aux aguets, je les regardais jouer. De sorte que lorsque j’ai eu quarante ans et que mes beaux grands premiers rôles sont arrivés, j’étais en mesure de les faire, en suivant les conseils que l’on me donnait, parce qu’on en a toujours à apprendre », dit-elle avec sagesse.

 

 

La comédienne s’occupe elle-même de sa carrière, des propositions qui lui sont faites. « Je n’ai jamais eu d’agent et au moment où la mode est arrivée d’en avoir un, je travaillais et je ne savais pas où donner de la tête, alors je me suis dit que j’allais continuer à m’engager, lance-t-elle en riant. Parfois, ça me sert à négocier : je dis à la personne qui me fait une offre : « OK, c’est correct, je vais le faire à ce prix-là, mais il faut ajouter 20% pour mon agent ». Et quand on me demande qui est mon agent, je leur réponds : « C’est moi! », les gens trouvent ça drôle. »
Chose certaine, elle a marqué un très grand nombre de téléspectateurs, notamment, en jouant dans Le Survenant – de 1954 à 1960 –, Cré Basile et Symphorien.

Photos: Archives personnelles Béatrice Picard.

Marge Simpson : une voix inoubliable

Béatrice Picard a pris la décision en janvier dernier de renoncer à faire la voix de Marge Simpson dans la populaire série Les Simpson, et ce après trente-trois ans! « C’était devenu plus difficile pour moi, surtout avec la Covid, parce qu’on n’enregistrait plus la version québécoise à deux, trois ou quatre. On devait le faire seul à chacun de notre côté, et on était tellement habitués de travailler ainsi que c’en était moins intéressant. J’avais aussi de la difficulté avec mes yeux, je suivais moins bien la bande rythmo sur laquelle défile le texte. Le plaisir pour moi, de faire Marge a été qu’il n’y avait pas d’âge, tout le monde regardait Les Simpson. Je connais des gens qui regardent la série depuis ses touts débuts. Quand je croise des parents avec leurs enfants. Ils ont beau leur dire que je suis comédienne, ils ne réagissent pas, mais quand je leur parle avec la voix de Marge, alors là, vous devriez voir leurs yeux s’agrandir d’un coup! »
Cela dit, elle est loin de demeurer inactive. Elle est à l’écoute des propositions que l’on peut lui faire pour jouer, et à son agenda, elle sera la Marraine du Salon des ainés de Saint-Jérôme qui aura lieu le samedi 16 septembre. La comédienne Geneviève Schmidt en est la porte-parole.
En plus, depuis de nombreuses années, elle est toujours marraine des Petits Frères. « Je suis aussi porte-parole de la Fondation de l’Hôpital Marie-Clarac, surtout pour les gens qui sont en soins palliatifs. Je trouve que c’est important de donner, j’y tiens beaucoup. On n’a pas besoin de mettre des sommes folles, mais en faisant un don à la Fondation Marie-Clarac, ça aide les personnes en fin de vie. »

Photos: Archives personnelles Béatrice Picard.

Et ce n’est pas demain la veille qu’elle va prendre sa retraite. « J’ai des projets, j’en ai un qui me demande beaucoup de recherche, mais c’est très agréable à préparer. Je procrastine aussi, je m’occupe de mes fleurs, je lis, et j’ai souvent de la visite. » Lorsqu’on lui demande comment elle fait pour être aussi en forme à son âge, elle répond simplement qu’il ne faut pas demeurer inactif. « Il faut toujours avoir des millions de projets. Si vous n’avez pas de projet, c’est sûr que vous ne réaliserez absolument rien. Si vous avez quatre, cinq projets, il y en a au moins un qui va fonctionner, et on peut le pousser un peu plus loin, on peut le peaufiner. Pour moi, beau temps, mauvais temps, j’ai décidé que j’allais marcher au moins un quart d’heure chaque jour, et peut-être un peu plus, avec mes bâtons de marche. Ce n’est pas beaucoup, mais je le fais, même s’il ne fait pas beau. »

Photos: Archives personnelles Béatrice Picard.

Quant à son métier de comédienne, Madame Picard dit aimer toujours autant son travail. « J’aime ça parce que c’est un métier qui n’est pas fastidieux, parce que c’est toujours différent. Le cinéma et la télévision ce n’est pas la même chose, et le théâtre non plus. Ce sont des choses différentes qu’on fait chaque fois, et souvent, on fait des recherches, c’est très agréable. J’aime ça et je vais continuer tant qu’on va m’engager. Vous savez, avant, soixante ans c’était vieux, parce que les gens mouraient à soixante-dix, soixante-quinze ans. Après, on trouvait que quatre-vingt-cinq ans était un âge respectable. Ici, où j’habite, vous devriez voir le nombre de centenaires qu’il y a! Maintenant, c’est courant des centenaires, dit-elle. Parmi ses projets, elle caresse certainement celui, en plus de jouer, d’atteindre cet âge vénérable. » conclut-elle.

 

Béatrice Picard est la marraine du Salon des Ainés de Saint-Jérôme. Quartier 50+ Saint-Jérome. samedi 16 septembre 2023

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