Nous sommes tous tombés amoureux. Nous avons tous cru que la femme ou l’homme avec qui nous vivons sera à nos côtés pour la vie. Nous fondons alors une famille, donnons la vie à des enfants que nous espérons voir grandir, qui à leur tour reprendront le flambeau et fonderont une famille en vous incluant dans le processus. Le plaisir de devenir Mamie et Papie.   Et, sournoisement, cette vie se change en habitudes, en amitiés et la flamme, celle qui nous a fait plonger n’y est plus. On reste par complaisance, par amitié, par peur ou par insouciance. un jour,  BOOM tout est fini.

 

Vous connaissez la suite. Séparation, divorce, garde partagée. 

Au début, tout va bien. Les enfants sont accompagnés, les échanges sont civilisés. Et puis, la complicité qui jadis vous unissait fait place à la jalousie, les divergences d’opinion, les reproches; pas assez ceci ou trop cela et se pointe alors la rancune. Les contacts se distancient avec vos enfants, les mêmes qui jadis avaient hâte de vous voir passent soudainement leur tour. Les appels se font rares, les discussions vides. Mais à force de questionner, on se rend compte que l’autre parent vous critique ouvertement, vous accuse de tout et de rien et essaye de vous discréditer aux yeux de vos enfants.  Vous perdez le titre de Papa ou Maman et votre ex parle de vous avec votre prénom pour dissocier le lien de sang et émotif qui vous uni à votre enfant. Et c’est à partir de ce temps que l’aliénation parentale s’installe. 

Un crime vient de se produire, on vous vole vos enfants.

Le mal est fait. Votre relation est détruite grâce au travail de minage de l’autre parent. Et même après tout ce temps passé sans contacts et que finalement vous retrouvez votre enfant, la route de retour sera longue et difficile. Tant émotionnellement que psychologiquement.  Je sais, j’y travaille quotidiennement.

 

Qu’est-ce que l’aliénation parentale ?

Selon le Carrefour de l’Aliénation Parentale, « L’aliénation parentale se décrit comme un phénomène dans lequel un des parents se livre à des comportements aliénants, influençant l’esprit de l’enfant afin de favoriser chez lui le rejet injustifié et la désaffection à l’égard de l’autre parent ». Pour le reconnaitre, il faut que deux conditions soient remplies : Un des parents utilisent des comportements aliénants afin d’exclure l’autre parent de la vie de l’enfant, et cela, de façon injustifiée et le processus entraîne une détérioration de la relation entre l’enfant et le parent ciblé, voire une rupture de la relation.

 Des ressources à votre portée

Une fois que vous avez reconnu les signes de l’aliénation parentale, vous avez des ressources. « En situation d’aliénation parentale, il est normal de passer par toute la gamme des émotions, mais il faut tendre vers des comportements aidants et apaisants pour l’enfant afin d’éviter d’amplifier la situation (éloignement ou rejet de l’enfant) et d’aggraver les conséquences chez l’enfant » souligne Joanna Murphy, responsable de l’accompagnement des familles au Carrefour de l’Aliénation Parentales Québec. « La majorité du temps, le parent ciblé/rejeté ne comprend pas ce qui lui arrive ou le comprend trop tard » renchérit-elle.

Quels comportements j’adopte en tant que parent ciblé ou rejeté ?

Deux types de comportements observés :

Type A —  À éviter 

  • Passivité dans le conflit (retrait, repli sur soi).
  • Le parent rejeté peut contribuer ou exacerber le rejet par :
  • Contre-rejet : colère, blâme l’autre parent, conteste les croyances de l’enfant
  • Manque d’empathie, d’ouverture ou de patience envers l’enfant (survient souvent lorsque le parent réagit aux attaques ou reproches de l’enfant (ou du parent aliénant exprimé à travers l’enfant)
  • Tente de susciter de la culpabilité chez l’enfant.
  • Tente de raisonner l’enfant ou de se justifier.
  • Style parental rigide, cherche à « éduquer » l’enfant et le corriger dans ses perceptions.
  • Immature et centré sur lui-même.
  • Exposer sur les réseaux sociaux la situation, l’autre parent ou l’enfant (qui se sentira trahit et aura le réflexe de protéger et s’allier davantage à l’autre parent) .

Type B — À privilégier / Mettre en application 

  • Sensibilité parentale : Apprendre à accueillir et apaiser l’enfant en situation d’aliénation parentale ;
  • Dédramatiser la situation car le parent aliénant aura tendance à créer de faux drames (dédramatiser avec bienveillance, douceur et même humour quand cela est opportun) ;
  • Recadrer au besoin et au moment opportun (on ne corrige pas une fausse perception en plein drame ou émotivité exacerbée chez l’enfant comme on rencontre souvent lors des retours de garde).
  • Efforts pour maintenir le lien avec l’enfant (faire des compromis, maintenir communication, être patient).
  • Soutien du lien parent-enfant avec l’autre parent, maintien de la communication autour de l’enfant malgré l’injustice apparente de la situation .
  • Rester sensible aux émotions de l’enfant en fonction du contexte.
  • Éviter de culpabiliser l’enfant.
  • Participer à réduire les conflits et à en protéger les enfants.

 

 

 

« Vivre au quotidien une situation d’aliénation parentale pour un parent ciblé, c’est un marathon psychologique qui peut emmener dans son sillage un parent sain vers des émotions ou une détresse qu’il n’aurait jamais imaginée » nous confirme madame Murphy.

 

 

 

 

 

 

 

 

Il faut s’entourer : 

  • D’ami·es et famille éduquée au phénomène ; l’entourage du parent touché par l’aliénation parentale doit comprendre ce que vivent et le parent et l’enfant touchés par l’aliénation parentale  afin de pouvoir les soutenir. En ce sens, l’entourage devrait accompagner et assister également aux activités du Carrefour Aliénation Parentale (ex.: café rencontre). La compréhension du phénomène contre-intuitif de l’aliénation parentale est nécessaire à sa résolution.
  • Professionnels (travailleur.e social.e  ou psychologue) pour surmonter les épreuves et la souffrance.

Comprendre ce que vit le parent ciblé / rejeté et ce qu’il doit surmonter :

  • L’incompréhension (méconnaissance du phénomène et processus subtil) ;
  • L’impuissance (perte de crédibilité face à son enfant, la méconnaissance ou le déni de l’entourage et du système) ;

La tristesse (réaction à une perte majeure / deuil) ;

  • La colère (injustement accablé, accusé, condamné, lésé et exclu) ;
  • La honte (jugement social) ;
  • L’injustice (l’invisibilité de l’abus psychologique, la logique gagnant-perdant et la lenteur de la justice) ;
  • La peur (menaces perçues ou réelles) et peur de perdre son enfant.

 

 

Reconnaître le parent aux comportements aliénants 

« Notons l’importance du comportement non verbal et indirect. Les conduites aliénantes ne sont pas nécessairement conscientes. Elles peuvent être subtiles, indirectes, délibérées ou inconscientes et difficiles à reconnaître » confirme madame Murphy.

 

 

Ce que les parents aliénants NE font PAS :

  • Veiller à ce que l’enfant n’entende pas les conversations et les commentaires négatifs des autres adultes
  • Soutenir la relation de l’enfant avec l’autre parent = gagnant -gagnant pour l’enfant
  • Régler des problèmes avec les enfants au sujet des lacunes réalistes de l’autre parent, comme ils pourraient le faire avec un professeur, avec un ami, etc.
  • Régler des problèmes que pose l’horaire de garde.
  • Collaborer et faire preuve de souplesse pour les changements d’horaire (urgence, vacances,…)

Vous n’êtes pas seul et avez des ressources : Carrefour Aliénation Parentale Québec. alienationparentale.ca.

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