Rien ne prédestinait la comédienne Marie-Thérèse Fortin à connaître la fabuleuse carrière qu’elle épouse depuis plus de 40 ans.

 

 

Issue d’une famille de 10 enfants, Marie-Thérèse a grandi sur une terre agricole dans une petite localité de la Gaspésie au nom évocateur : Saint-Octave-des-Métis, un village méconnu de tous les circuits touristiques. «Sur une ferme, avec autant de bouches à nourrir, tout le monde devait contribuer. La vie sur une ferme, c’est exigeant. À titre de la p’tite dernière de la famille, j’avoue que j’ai été un peu protégée », affirme candidement Mme Fortin.

Son ADN n’a rien à voir avec celui de ses parents, du moins sur le plan artistique. «  Ma mère était très créative, mais sans plus. C’était aussi une excellente cuisinière. Mon père, lui, avait peu d’instruction. Pour lui toutefois, l’éducation de ses enfants était au cœur de ses préoccupations. C’était le genre à lire un journal de la première à la dernière page. »

 

Destin tracé d’avance

C’est un professeur de cégep qui l’a éveillée à ses qualités artistiques. « J’aimais les mots et les histoires. Je n’ai pas mis beaucoup de temps à comprendre où était ma place », dit-elle. À sa sortie du Conservatoire d’art dramatique de Québec en 1982, on la voit aussi bien à la télévision, qu’au cinéma ou au théâtre. Au petit écran, on la connaît surtout pour son rôle de Claire Hamelin dans la série Mémoires vives, sans oublier Le Monde de Charlotte et Un monde à part notamment. Au cinéma, elle a joué dans le film Sans elle et Les Grandes Chaleurs de Sophie Lorain. Elle a signé aussi la mise en scène de plusieurs pièces (Moulins à paroles, Des Yeux de Verre, L’Éducation de Rita, La Liste, etc.).

« Il faut beaucoup travailler pour relever tous ces défis. C’est une histoire de passion. » Elle est aussi chanteuse et a tenu l’affiche dans le spectacle Marie-Thérèse Fortin chante Barbara, sans oublier sa prestation lors du spectacle Piaf a 100 ans. Vive la môme!

 

Au total, elle a tenu des rôles principaux dans plus d’une cinquantaine de pièces. Personne n’a oublié sa prestation dans Les Troyennes, Andromaque, Élizabeth, roi d’Angleterre, Le Balcon et Les Muses orphelines pour ne nommer que ceux-là. Elle a été aussi de la distribution des Belles-sœurs, une adaptation musicale de la pièce de Michel Tremblay par Daniel Bélanger et René Richard Cyr qui a été présentée partout au Québec et à Paris. « De tous les rôles que j’ai pu jouer, c’est sans doute celui qui m’a le plus marquée. Ce fut une expérience humaine très importante avec toutes ces femmes-là », nous confie la comédienne. Très versatile, Marie-Thérèse Fortin a aussi été directrice artistique du Théâtre du Trident de Québec de 1998 à 2003. Un an plus tard, elle est nommée directrice artistique et codirectrice générale du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui. «  J’ai aimé cette expérience, mais mon cœur appartient d’abord à mon métier de comédienne », dit-elle.  Reconnue par ses pairs, elle a reçu plusieurs prix et distinctions. Elle a été décorée aussi au titre de Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres. En 2002, elle est nommée Femme de mérite, catégorie Arts et culture, lors d’un gala-bénéfice organisé par le YMCA de Québec.

Prochain défi

Un bel automne s’annonce pour cette comédienne de talent qui partagera la scène du Gesù avec le comédien Paul Doucet à compter du mois d’octobre. Ensemble, ils présenteront la pièce Verdict. Ils reprennent, à tour de rôle, une plaidoirie tirée des causes judiciaires célèbres du Québec. « C’est un beau défi et un rôle très exigeant aux multiples facettes qui démontre combien notre société a évolué au fil des décennies », dit-elle.

Ce spectacle se veut aussi une expérience interactive où le spectateur est appelé à prendre position, au dernier procès, comme le font de vrais jurés. « Étape ultime d’un procès, les plaidoiries sont imagées, percutantes et touchantes. Un regard poignant et éclairé sur ce qui nous constitue comme société », souligne la direction du théâtre sur son site web. On pourra voir cette pièce du 6 octobre au 12 novembre 2022. La mise en scène est assurée par Michel-Maxime Legault et la direction artistique par Pierre Bernard. L’adaptation est signée Nathalie Roy et Yves Thériault.

Vie personnelle

La comédienne se fait plus discrète lorsque vient le moment de parler de sa vie amoureuse, sa famille, ses rêves et ses ambitions. « Disons que j’ai une vie tout à fait normale, semblable à des milliers de gens au Québec. J’ai un conjoint, Michel, qui est un retraité de l’enseignement, et deux beaux enfants, Emma et Samuel.

 

 

Son métier occupe tout son temps ou presque. « J’arrive à m’évader lors de mes randonnées à vélo avec mon conjoint. C’est un moment d’inspiration totale. Tous ces paysages à découvrir chaque fois. Oui, chaque fois, vraiment, je décroche. Je peux imaginer le monde autrement et penser à mes projets futurs. J’adore aussi la lecture et le plaisir de découvrir de nouveaux talents. »

 

 

 

 

Parlant d’avenir et de projets? Pas question de lâcher le morceau, répond la comédienne de 63 ans qui dit avoir toujours le feu sacré. « Je veux continuer à inspirer et à toucher mon public et les amener plus que jamais à aimer la culture et le théâtre. Oui, il y a encore beaucoup de place pour les femmes au théâtre. Mais, plus généralement, c’est une invitation aux jeunes à se lancer tête première dans un monde d’aventure et de découverte. Les arts, c’est un peu beaucoup la vie. »

 

Voyez l’article intégrale du magazine

D’autres ont aussi aimé:

Diane Lamarre: Le visage de la science.