Résidents de Blainville, Elena et Evgeny Korovin célèbrent cette année leur dixième anniversaire de résidence au Québec, après avoir quitté leur Russie natale. 

Pour rien au monde, ils ne souhaiteraient quitter leur terre d’adoption. À plus forte raison qu’ils ont dû peiner pendant de nombreuses années pour se faire une place de choix au Québec.

De l’ambulance aux bateaux

C’est dans le secteur de la santé qu’Elena et Evgeny se sont rencontrés en Russie. Lui œuvrait sur les ambulances à titre d’infirmier, alors qu’elle pratiquait le métier d’infirmière.

Aux dires d’Evgeny, le salaire ne lui convenait pas.

Ce qui lui imposera de changer totalement de vocation pour se retrouver capitaine de bateau et passer de longues périodes en mer, loin des siens. Tellement qu’il aura connu son plus jeune fils (au moment de leur rencontre, Elena était déjà mère d’un garçon, aujourd’hui trentenaire et installé dans la région de Québec) alors que celui-ci était âgé de six mois.

Soit dit en passant : lors de la plus récente rentrée scolaire, Bogdan, né en 2006, amorçait la dernière année de son secondaire en sport-études (natation) à l’école Saint-Gabriel de Sainte-Thérèse. « Il est tellement musclé… » s’exclame, fièrement, sa mère.

En 2007, avec deux enfants à la maison, Evgeny changea de nouveau de vocation pour devenir, à la suggestion d’un ami, installateur de portes et fenêtres; autre métier exigeant physiquement et qui impliquait, parfois, de longues journées en solitaire.

L’appel du Québec

C’est finalement en 2009 que l’appel du Québec s’est fait sentir, par la voix d’un ami du couple qui y résidait déjà depuis quelques années et en vantait les attraits.  « À ce moment-là, l’immigration n’était pas vraiment intéressante à mes yeux. J’avais visité beaucoup de pays comme marin » note M.Korovin. Mais, en 2012, il se laissait tenter par le Québec avec, à l’esprit, une philosophie bien arrêtée. « J’ai dit : on va oublier tout ce qui existait avant. On va étudier et on va recommencer (notre vie) ».

On le comprendra bien, la barrière de la langue représentait un défi que le couple et les deux enfants (plus facilement, selon la mère) auront réussi à surmonter.

Pour une, Elena, après des débuts d’initiation au français via des cours,  décrocha un emploi de préposée aux bénéficiaires auprès d’aînés.

« Au début, je ne comprenais pas bien le français. Mais (avec les cours de francisation et) en travaillant avec les patients, j’ai commencé à me débrouiller. Les gens âgés étaient gentils avec moi ».

Après trois ans de cours à Montréal et à Québec, elle a obtenu son diplôme d’infirmière et œuvre aujourd’hui dans une résidence de personnes âgées sur le boulevard Gouin à Montréal, non loin de l’Hôpital du Sacré-Coeur.

Le chemin d’Evgeny a été un peu plus tortueux.

Parallèlement à des cours de francisation, il a cherché un emploi d’installateur de portes et fenêtres (métier qu’il exerçait en Russie), mais la recherche a été vaine.

Il décida alors d’amorcer un cours intensif d’infirmier au Collège Bois-de-Boulogne pour arriver à la conclusion, après un certain moment, que « infirmier, ce n’est pas pour moi. Je suis plus technicien qu’infirmier. Si bien qu’en 2014, j’ai décidé de travailler à mon compte dans l’installation de portes et fenêtres. J’ai acheté un camion et des outils. J’ai beaucoup de travail depuis. Aujourd’hui, j’ai quatre camions et 20 employés. Je ne fais plus, personnellement, d’installation comme tel. Je suis sous-traitant pour quatre compagnies de portes et fenêtres ».

Bien au Québec

Installé au Québec depuis 10 ans, le couple Korovin ne songe pas à retourner en Russie un jour, même si les parents d’Evgeny sont encore vivants (tous deux médecins à la retraite) et qu’il y compte également un frère, alors que la mère d’Elena est décédée depuis un certain temps déjà, mais elle y retrouve un frère et une sœur.

« Nous sommes bien heureux ici. Nous avons acheté une belle maison… » dit-elle, ajoutant qu’un retour en Russie imposerait également que son jeune fils doive y faire son service militaire.

Il faut aussi dire que l’accueil des Québécois à leur endroit y fait pour beaucoup au niveau de l’attachement.

« Nous n’avons jamais eu de problèmes avec les gens. Nous n’avons jamais été inquiets. Dans notre pays, quelqu’un qui ne parle pas le russe, c’est compliqué. Ici, les gens ont été patients avec nous (au niveau de l’apprentissage du français). Leur tolérance a été pour nous une grosse surprise » souligne Elena, reconnaissante.

 

 

Voyez l’article original du magazine: