Comme le veut l’expression anglaise consacrée : Yvon Deschamps is alive and well! Ce géant de l’humour québécois va célébrer ses 88 ans le 31 juillet, et toujours aux côtés de sa fidèle Judi – ils se sont mariés le 6 novembre 1971, elle avait 22 ans, il en avait 36 –, il se garde en forme et demeure relativement actif. Le 7 septembre prochain, il donnera d’ailleurs une conférence qui sera certainement très courue dans le cadre du Salon des aînés de Saint-Jérôme.

C’est par zoom, alors qu’il se trouvait encore en Floride où il a passé l’hiver, que j’ai pu discuter avec Yvon, qui était bien sûr flanqué de son inséparable Judi. L’œil toujours aussi vif, Yvon aime se raconter, revenir sur des moments marquants de sa carrière, certains qui ont été magnifiques et d’autres qui l’ont presque achevé! C’est du bonbon de l’écouter et d’entendre son rire, si caractéristique, qui nous accroche un sourire au visage à tout coup. Normalement, Yvon ne fait pas d’activités qui ne touchent pas directement La Fondation Yvon Deschamps Centre-Sud. Il y aura 40 ans l’an prochain qu’Yvon a accepté de se joindre à l’Association sportive et communautaire du Centre-Sud à tire de président de la campagne de financement. Depuis, il n’a jamais cessé de s’impliquer et de participer à des événements pour amasser des fonds. La Fondation Yvon Deschamps Centre-Sud a vu le jour il y a dix ans.

Une conférence qui promet

Donc, il fera en quelque sorte une exception le 7 septembre. « Yvon aime se retrouver devant un public pour raconter ou simplement parler aux gens, il ne veut pas faire de la télévision et se retrouver avec une caméra dans la face, confie Judi. Quand c’est dans un théâtre et qu’il y a des gens autour, et qu’il peut raconter des choses et répondre à des questions, Yvon est d’accord pour participer à ce genre d’événement. En plus, c’est pour les aînés », ajoute-t-elle.

Et il en a des choses à dire et à raconter, le cher Yvon. On se rapporte en octobre 2020, alors que pour célébrer ses 85 ans, il avait participé à une soirée-bénéfice, un spectacle virtuel, sur l’espace présenté pour sa Fondation, en compagnie d’amis humoristes comme Laurent Paquin, Mario Jean, Rosalie Vaillancourt et François Bellefeuille. Yvon avait préparé des numéros, entre autres sur la vieillesse et les aînés. En voici un extrait :

« Je trouve que nous autres, les personnes âgées, on est discriminées. Dès qu’on ne se souvient pas de quelque chose, on pense qu’on est Alzheimer! (…) Si tu veux rentrer de nouvelles affaires, tu dois en sortir des vieilles. Ce n’est pas une perte de mémoire », disait-il au sujet du cerveau humain. Ça promet s’il aborde le sujet.

J’ai demandé à Yvon quels conseils il pouvait donner aux personnes à la retraite, qui vieillissent et cherchent des trucs pour ne pas sombrer dans l’ennui. « La première des choses est de s’occuper, de faire du bénévolat, par exemple, n’importe quoi, et trouver quelque chose qu’on aime pour s’occuper, dit-il avant d’ajouter : la meilleure façon, la plus difficile, est d’apprendre à être bien en ne faisant rien. Ça, c’est une job! Moi je l’ai fait, mais il faut travailler ça pendant des années », confie-t-il.

 

– Moi je n’ai jamais pensé à ça que c’était un but dans la vie d’être bien à ne rien faire, lance Judi.

– Ben oui, t’as pas le choix, lui répond Yvon, parce qu’à un moment donné, tu ne pourras plus rien faire!

Et Yvon d’y aller d’un grand éclat de rire.

– Je pensais que tu allais dire qu’ils utilisent leur tête, qu’ils fassent des sudokus, du scrabble, des choses qui les tiennent alertes.

– Oui, tu as raison, je n’ai pas donné de détails, mais on fait ça tous les jours, nous deux.

Faire travailler ses méninges!

Judi confie qu’elle et Yvon se font un bon café le matin et qu’ils s’amusent ensuite en faisant différentes activités qui font travailler leurs méninges. « On passe une heure, une heure et demie à faire ça, à jouer à des jeux comme Spelling Bee, qui est en anglais, et Yvon trouve des mots incroyables. Tous ces jeux là se font seuls, mais c’est bien aussi de trouver des gens pour jouer, un peu comme ceux qui se rassemblent pour jouer aux cartes », dit-elle.

Comme Janette Bertrand l’avait dit lors de sa conférence au Salon des aînés l’an dernier, ce n’est pas bon de passer trop de temps devant la télévision, une opinion que partagent Judi et Yvon. « C’est l’fun de regarder des séries, par exemple, mais il faut faire autre chose parce qu’on ne fait travailler aucun muscle. Ça arrive qu’on regarde deux ou trois épisodes d’une série les uns après les autres, et on se dit que ça n’a pas de bon sens : on est fatigués à ne rien faire! Il faut bouger, marcher, faire de la bicyclette. Yvon et moi, on joue beaucoup au ping-pong, c’est bon pour l’équilibre et les réflexes », ajoute Judi.

La carrière d’Yvon, faut-il le rappeler, a pris son envol en 1968, avec la présentation de L’Osstidcho, au Théâtre de Quat’Sous. C’est lors de ce spectacle avec Robert Charlebois, Louise Forestier et Claudine Monfette (Mouffe) qu’Yvon a créé le monologue Les unions, qu’ossa donne? Entre 1969 et 1976, Yvon a présenté plus de mille spectacles et en effectuant un retour en arrière lors de cet entretien, il a confié tout bonnement que sa santé en a pris un coup, à ses débuts, tellement son horaire était chargé.

« J’ai fait à un moment donné vingt et un show en six jours, des spectacles de deux heures, au Patriote sur la rue Sainte-Catherine, alors que ça faisait deux mois qu’on jouait deux fois par jour, six fois par semaine. On était en 1969, c’est Guy Latraverse qui m’avait booké ces spectacles au Patriote, j’aurais pu mourir. J’en ai fait quatre le vendredi et, écoute, rendu au samedi, j’étais couché à terre, et Jacques Perron, l’un de mes musiciens, me brassait et me disait qu’il fallait commencer le spectacle, je ne savais plus où j’en étais. Ce samedi-là, je suis entré en scène à quatorze heures trente, j’ai fait deux spectacles au Théâtre du Canada à l’Expo, puis deux autres au Patriote, dont le dernier à vingt-trois heures. Mais il y avait encore environ mille personnes qui attendaient dehors, alors Guy a décidé que j’allais faire un autre show, un cinquième à une heure et demie du matin! Je dormais un peu entre les spectacles, c’était difficile de dire non. C’était la première fois que, seul en scène, je remplissais des salles. » Comme quoi son succès était pleinement mérité, à force de travailler sans arrêt comme il l’a fait.

 

Pour plus d’information sur la conférence au Salon des Ainés de St-Jérôme.

 

Visitez le site de la Fondation Yvon Deschamps