À 93 ans, elle tombe lourdement dans l’autobus et se relève comme si de rien n’était !

C’est une très vilaine chute qu’a faite la Mascoutine Monique Laroche 93 ans lorsqu’elle a pris l’autobus à l’été 2022. Pendant qu’elle marchait dans le bus afin de se rendre à un siège, l’autobus a démarré et la nonagénaire a perdu l’équilibre puis s’est retrouvée étendue de tout son long au centre de l’allée. On s’est immédiatement précipité auprès de la pauvre dame qui s’est facilement relevée sans aucune blessure.

Plutôt dans l’année, Monique avait fait une autre chute, cette fois à cause de la dénivellation d’un trottoir. Encore une fois, la dame a réussi à éviter le pire. Question de chance ? Non pas du tout et Monique est plutôt catégorique sur ce point. Si rien de fâcheux ne lui est arrivé, c’est qu’elle a appris une technique sur la façon de tomber.

 

C’est un professeur en éducation physique à l’École du Touret de Sherbrooke, Benoît Séguin, maintenant à la retraite, qui a développé la fameuse technique, Savoir comment tomber.  Développée au début des années 2010, la technique de Benoît Séguin est maintenant enseignée dans plusieurs villes du Québec. Elle fait même partie des programmes de Judo Québec et bientôt croit-on, de Judo Canada.

C’est justement à partir de ses connaissances en judo, notamment sur l’art de bien tomber, Benoît Séguin est  5ème dan et trois fois champion du monde en combat (catégorie Vétéran), qu’il a mis au point cette technique qui connaît beaucoup de succès. M. Séguin jouit d’ailleurs d’une feuille de route plutôt impressionnante. Il a été chargé de cours de judo et de sports de combat à la Faculté des sciences de l’activité physique de l’Université de Sherbrooke, de 1989 à 2017. Il fut aussi le fondateur et directeur technique du Club de Judo Univestrie et membre du Hall de la renommée du sport de l’Université de Sherbrooke à titre de bâtisseur. Ajoutons également qu’il est récipiendaire du Mérite Estrien en 2008 pour son apport dans le domaine de l’éducation.

 

« Toute cette histoire a commencé lorsqu’un ex-collègue enseignant qui donnait des cours en stabilisation à des personnes atteintes de sclérose en plaques m’a demandé de bâtir une formation sur savoir comment tomber; une formation qu’il pourrait ensuite enseigner à sa clientèle. Il m’avait suggéré cela sachant que j’enseignais déjà cet art à mes élèves en judo et aussi que j’avais de l’expérience avec les clientèles à risques de chutes puisque j’ai enseigné à des élèves souffrant de déficience intellectuelle ou aux prises avec handicaps physiques multiples. Mais voilà, enseigner cette technique à Monsieur et Madame tout le monde est bien différent que de l’enseigner à des judokas. »

 

Malgré tout, la suggestion de l’ex-collègue s’est incrustée solidement dans la tête de Benoît qui a longuement mûri l’idée. « Dès qu’il m’en a fait la suggestion, cette idée n’a plus jamais quitté mon esprit. J’y songeais constamment : à la maison, au dojo où j’enseigne le judo, en vélo, bref, partout ! »

 Puis en 2012, voilà le programme Savoir comment tomber devenu réalité. Dès le début, les résultats sont sans équivoque. Fort de ce succès, Benoît Séguin publiera deux livres, tout d’abord Comment prévenir et se protéger lors d’une chute, sorti en 2015 (Édition Première chance) et une réédition en 2016 (Édition de l’Apothéose). Ce livre s’adresse à Monsieur et Madame tout le monde. Suivra ensuite son deuxième ouvrage, Ce n’est pas tomber qui fait mal, c’est mal tomber qui fait mal : laissez-nous vous aider. Ce deuxième livre, publié par la maison Édition de l’Apothéose en 2020, s’adresse aux enseignants désireux de faire connaître les techniques Séguin.

« Mon premier livre explique en quelque sorte les différentes étapes à maîtriser dans la technique de savoir tomber. Il y en a cinq, que j’appelle aussi ateliers. :

  • Ne plus craindre le sol et savoir comment se relever du sol après une chute
  • Les chutes de côté
  • Les chutes arrière
  • Les chutes avant
  • La stabilité et l’équilibre

 À l’intérieur de ces ateliers, j’explique finalement comment réussir à tomber mou, et comment se protéger, surtout la tête, en rentrant les membres vers l’intérieur. »

La question qui vient à l’esprit, une fois que tout ça est dit, et M. Séguin à l’habitude de l’entendre, c’est comment on peut arriver à faire ce qu’on nous enseigne alors qu’une chute est tellement rapide? « Oui c’est vrai que c’est rapide, mais l’esprit l’est encore plus et on part avec ça. Faites l’exercice suivant. Mettez votre micro-ondes à 5 secondes, puis dès qu’il ne reste qu’une seconde appuyez sur arrêt. Vous aurez réussi à le faire en moins d’une seconde. Donc c’est que vous êtes capable d’en faire des choses en une seconde et moins. Votre vitesse de réaction vous surprendra. Faut simplement pratiquer et apprendre. »

Justement, pour pratiquer et apprendre, il faut nécessairement faire l’expérience de chutes durant la formation. N’est-ce pas là un motif pour être hésitant?

 

Séguin l’entend souvent cette question également. « C’est tout à fait normal d’avoir des craintes à plus forte raison lorsqu’on avance en âge. Mais faut savoir que les cours sont offerts autant aux enfants, qu’aux ados et qu’aux aînés qui dépassent dans certains cas les 80 ans. Jamais un élève ne s’est fait mal. Évidemment on ne le mettra jamais dans une situation où il pourrait se faire mal. Je commence l’enseignement par la confiance en soi et ce n’est qu’après que nous attaquons les techniques. Tout se fait par étape et au rythme de la personne. Il ne faut pas penser qu’en une seule séance vous partirez le cœur léger avec la maîtrise parfaite des techniques. Non, il faut assister à une dizaine de sessions d’environ 1 heure chacune, » d’expliquer Benoît Séguin.

 « Mon souhait, conclut-il est que l’on enseigne ces techniques partout au Québec et au Canada, car les chutes sont nombreuses et malheureusement tragiques dans bien des cas. La preuve est faite que quand on sait comment tomber, on évite très souvent les fractures. Ah, on peut se faire un bleu quand même, mais ça, ça guérit vite ce qui n’est pas le cas d’une fracture du crâne. »

 

Des témoignages

Plusieurs témoignages de personnes ayant appris les techniques de Benoît Séguin apparaissent sur le site de judo-quebec.qc.ca

Parmi ces personnes il y a ce monsieur de 75 ans qui écrit : « (…) J’ai glissé sur la glace et j’ai eu le réflexe de me rouler sur le côté en collant mes bras contre mon corps. Aucune blessure. Même pas de courbature. »

 Ou encore cette dame de 67 ans qui rapporte ceci : « Beaucoup de gens disent qu’ils n’ont pas le temps de penser lors d’une chute.  Après avoir lu le livre de Benoit et après avoir suivi seulement un cours, je me suis probablement évité une fracture.  Après une tempête de neige, je n’ai pu éviter une chute.  Le pied sur la glace, je me suis retrouvée au sol.  Alors, juste avant de tomber, j’ai étendu mon bras loin du corps voulant me protéger mais en toute vitesse j’ai revu dans ma tête que les bras doivent être près du corps.  Oui ça se fait vite, mais oui il se passe quelque chose de très vite, alors que mon bras est revenu près de moi.  Oui je me suis fait mal, mais ça durée 2 jours. Une fracture aurait été pire encore. »

 

 

Visitez le site web bientomber.ca

 

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