« J’ai tellement pleuré! Pas parce que c’était dramatique, parce que c’était tellement beau! »

 

Vingt-quatre ans après la publication de Ru, son premier roman devenu un best-seller et qui lui a valu de nombreux prix, dont celui du Gouverneur général en 2010 et celui du public au Salon du livre de Montréal, voilà que l’adaptation cinématographique de cette œuvre de Kim Thúy arrive sur nos écrans.

 « Moi je suis comblée, dit-elle, j’ai tellement pleuré après avoir vu le film! Pas parce que c’était dramatique, mais parce que c’était tellement beau! La beauté fait ça, la beauté nous frappe au niveau des tripes, c’est la beauté qui fait pleurer, c’est pas l’horreur. »

Ce film, croit-elle, aura certainement un impact auprès des immigrants qui arrivent chez nous pour se rebâtir une vie. « On est vraiment dans un pays privilégié qui est en paix, où il y a l’une des libertés les plus pures qui existent sur la terre en ce moment. Je leur dirais de ne pas gaspiller cette chance que nous avons d’être ici, et de prendre et de recevoir. Le film, c’est peut-être aussi l’espoir. Oui, c’est difficile au début, mais il y a une fin à tout ça », dit-elle.

La neige l’a marquée

Kim se souvient parfaitement de son arrivée au Québec, à l’âge de 10 ans, en 1978. Personne dans sa famille ne parlait français, et c’est à Granby qu’ils ont été accueillis. « On arrivait d’un camp de réfugiés, et je me souviens du froid, et de cette neige tellement virginale. La neige n’était pas que neige, la neige était la propreté, le recommencement en fait. Tout était nouveau, c’était extraordinaire ces premiers moments-là, et ensuite avec l’accueil des gens. Ils étaient tellement prêts à nous recevoir et à nous aimer en retour de rien »

Dans le film, Karine Vanasse et Patrice Robitaille incarnent le couple, parents d’une fillette, qui prend la famille de Vietnamiens sous son aile. Kim était particulièrement heureuse que Karine soit choisie pour jouer ce rôle, parce qu’elles sont amies depuis longtemps, et elle l’a beaucoup encouragée à écrire son premier roman.

Un destin hors du commun

« Si tu cherches la personnification du mot chance, c’est bien moi, dit-elle, Le producteur André Dupuy était un client du restaurant que j’avais (de 2002 à 2007), et je m’occupais de lui en tant que restauratrice. Je lui parlais, il venait souvent, et c’est lui qui a apporté mon livre à la maison d’édition, et c’est aussi lui qui a acheté les droits pour le cinéma. Ce n’était pas écrit dans le ciel! »

Quand je lui dis qu’elle a aussi travaillé fort et qu’elle a fait sa chance, Kim répond : « Je te dirais que c’est le contraire. Ma mère te dirait que son travail à elle et à mon père, était de nous préparer et de nous offrir le plus d’outils dans notre sac, pour que peu importe la situation devant laquelle on se retrouve, on soit capable de répondre. Je dirais qu’il faut se préparer pour pouvoir attraper sa chance. »

 

Ru est un film touchant et drôle par moments, dans lequel la bienveillance des gens qui accueillent ces réfugiés fait du bien à voir, en cette période où les épisodes de haine sont malheureusement beaucoup trop nombreux.

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