Comme bien des jeunes de son âge, Pierre Gendron, maintenant à l’aube de ses 50 ans, a longtemps rêvé de faire la ligue Nationale de hockey.

 

« J’étais le genre à dormir ou presque avec ma paire de patins autour du cou. Pour moi, le hockey, c’était toute ma vie », dit celui qui a grandi en applaudissant les exploits inégalés de Wayne Gretzky, son héros d’enfance.

« J’ai passé mon enfance dans le Bronx de Montréal-Nord. Si je n’avais pas eu le hockey, je ne sais pas ce que je serais devenu. Je salue le courage de ma mère, monoparentale et bénéficiaire de l’aide sociale, qui m’a poussé vers le hockey à 4 ans. Nous étions pauvres, mais elle trouvait toujours le moyen de me trouver de l’équipement de hockey pour me permettre de continuer. Il n’y avait qu’une seule règle à la maison : si tu veux continuer à jouer au hockey, il faut que tu ailles à l’école et que tu réussisses. Je ne la remercierai jamais assez pour ces principes qu’elle m’a inculqués. »

Les saisons suivent son cours et Pierre Gendron réussit à faire sa place dans la ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ) avec le Collège Français de Verdun où il passera 3 ans avant de poursuivre ses études à l’Université McGill de Montréal. À sa dernière saison, en 1996-1997, il amasse 40 buts et 54 passes pour un total de 94 points. Pierre Gendron est considéré alors comme le meilleur espoir universitaire au pays.

Ses exploits sur la glace lui permettent de se joindre aux Bulldogs de Hamilton, un club affilié des Oilers d’Edmonton. « Je n’ai jamais été repêché par les Oilers, mais j’ai quand même signé un contrat d’agent libre avec eux, mais ce fut, en même temps, la fin d’un grand rêve puisque j’ai été rétrogradé un peu plus tard dans la ligue de hockey de la Côte Est, mieux connue aujourd’hui sous le nom de la East Coast Hockey Ligue (ECHL). Je ne suis pas amer, mais ce fut une grande déception, je l’avoue. »

Virage à 180 degrés

Du haut de ses 178 cm (5 pieds 10 pouces) et ses 84 kg (185 livres), ce centre naturel juge qu’il est temps de se remettre en selle. « J’ai réalisé qu’il y avait une vie après le hockey. J’ai donc appris, à 26 ans, que l’on ne doit pas mettre tous ses œufs dans le même panier. » « Parmi tous les joueurs de la LNH, 20 % méritent leur place d’emblée. Pour les autres, les 80 % qui restent, c’est le travail et la résilience qui leur permettront peut-être de demeurer dans la LNH. Pire, à peine 1 % des jeunes hockeyeurs de la LHJMQ atteignent la LNH. J’aurais pu continuer à persévérer en espérant qu’une porte s’ouvre un jour dans la grande ligue. Aujourd’hui, je réalise que j’ai fait le bon choix. J’ai encore en mémoire cet ancien coéquipier des Tiger Sharks de Tallahassee qui a dû quitter l’équipe malgré tous ses efforts et qui s’est retrouvé comme mascotte de l’équipe. D’autres anciens coéquipiers sont obligés, encore aujourd’hui, de travailler pour un salaire ridicule parce qu’ils ont mal préparé leur sortie. »

Fort d’un baccalauréat en enseignement de l’éducation physique acquis lors de son passage à l’Université McGill, Pierre Gendron entreprend alors sa carrière en enseignement avec des élèves en langue seconde. Quatre mois seulement qui lui ont fait comprendre que l’enseignement c’était pour les autres. « Je lève mon chapeau à tous ces enseignants qui, jour après jour, s’impliquent auprès de nos enfants. »

Il devient alors représentant pour une compagnie d’articles de sport, une véritable révélation pour cet ex-hockeyeur. « J’étais comme un poisson dans l’eau dans ce nouvel univers : l’entrepreneurship. J’avais enfin conquis ma Coupe Stanley. » Puis, il fonde Sportech, en 2002, une entreprise spécialisée dans l’organisation d’événements sportifs.

 

Se succéderont ensuite toute une série d’acquisitions d’entreprises et de grands projets qui l’ont mené à l’achat de cinq succursales de Sports Rousseau à travers le Québec. Avec son ami Joël Bouchard, un ex-coéquipier dans la LHJMQ, il crée l’Académie de hockey Joël Bouchard, la tournée Ronald McDonald’s et les Méchantes confrontations Molson Ex.

 

Ensemble, ils parcourent les arénas du Québec pour constater qu’il n’y avait pas assez d’infrastructures de qualité pour les jeunes sportifs. Particulièrement sur la Rive-Nord de Montréal où Joël Bouchard rêve d’avoir un club de hockey junior. De là est né le grand projet du Centre d’Excellence Sports Rousseau (CESR), créé il y a une dizaine d’années, qui héberge l’Armada de Blainville-Boisbriand dans la ligue de hockey junior majeur du Québec. Tous les deux sont co-propriétaires du Centre et aussi de l’équipe.

 

Donner au suivant

Pour Pierre Gendron, rien n’est plus important que de se souvenir d’où il vient. Maintenant au sommet, l’homme d’affaires veut donner au suivant. « J’ai toujours quelques projets en tête, mais l’important pour moi, aujourd’hui, c’est de donner au suivant. »

En famille

Le CESR, qui héberge aussi le Centre Performe Plus, accueille depuis plusieurs années le Super Challenge CCM, un tournoi d’été de calibre AAA. C’est un véritable succès avec plus de 300 équipes inscrites. Près de 140 d’entre elles provenaient de l’extérieur lors de la dernière édition.

Et puis, il y a la fondation Le But qui a pour objectif de venir en aide aux enfants qui n’ont pas les ressources nécessaires afin de grandir dans le sport. « Je suis conscient que ce n’est pas tous les jeunes qui ont eu la même chance que moi grâce à une mère exceptionnelle. Le but de cette fondation est de recycler de l’équipement usagé. Les gens peuvent laisser leurs vieux équipements dans de gros conteneurs placés devant les magasins Sports Rousseau. C’est un peu le même principe que les vêtements récupérés dans les régions. On fait un tri, on nettoie l’équipement et l’organisation distribue ça ensuite aux personnes dans le besoin. Il y a, bien sûr, les écoles, mais aussi les associations de hockey mineur. » Pour Pierre Gendron, rien n’est plus important que le hockey devienne enfin accessible à tous. « L’équipement, l’inscription et les tournois, dans certains cas, coûtent cher. Il faut que ce sport reste accessible pour tous. Dans le cas contraire, le hockey risque de devenir moins populaire auprès de nos jeunes. »

« Pour moi, la clé, c’est d’être bien entouré avec des partenaires exceptionnels. Je suis privilégié, j’ai fait affaire avec les meilleurs. Le hockey m’a appris une grande leçon de vie : le respect et la discipline représentent la clé du succès, et ce, peu importe le domaine choisi. Si j’ai un seul message à livrer aux jeunes, c’est de ne jamais abandonner leurs rêves. Qui sait ce que l’avenir leur réserve… »

 

Les entreprises dans laquelles Pierre est impliqué

 

 

 

 

La Fondation dans laquelle Pierre est impliqué

 

 

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