Les yeux toujours aussi pétillants, très en verve, c’était un bonheur de retrouver Chantal Fontaine, habillée en « mou », resplendissante en ce petit matin. Le prétexte : réaliser une entrevue, mais en fait, c’était surtout une belle et grande conversation avec l’inoubliable interprète de Virginie qui s’est déroulée. Vous allez le constater, la comédienne est fort intéressante et a beaucoup de choses à raconter sur une foule de sujets.

Un mot d’abord sur le Salon des ainés de Saint-Jérôme qui aura lieu le 7 septembre. Béatrice Picard est toujours la marraine de l’événement alors que Chantal en est la porte-parole. « Je vais seconder Béatrice, elle a quand même joué ma grand-mère dans Virginie. On a travaillé ensemble au moins dix ans. Je trouve ça le fun ce qu’ils font, au Salon », dit-elle, heureuse de son implication. « J’ai ma maison de campagne dans les Laurentides depuis tellement d’années, alors c’est un coin que j’aime. Et il y a aussi la réalité que je suis proche aidante de ma tante. Quand j’avais deux ans, ma mère a eu un grave cancer, et comme je n’allais pas à l’école, c’est ma tante et mon oncle, qui n’avaient pas d’enfant, qui se sont occupés de moi. Ils m’ont gardée durant un an, et j’ai toujours continué d’y aller par la suite. Ils étaient comme mes deuxièmes parents, je suis comme leur fille. Mon oncle est décédé il y a huit ans et ma tante Colette a maintenant près de 91 ans, et c’est à mon tour de m’occuper d’elle. C’est le juste retour des choses. Elle a des journées qui sont meilleures que d’autres, elle a l’âge qu’elle a. Il y a beaucoup d’accompagnement, beaucoup de suivis, son épicerie à faire », dit-elle.

« Je vais bientôt entreprendre des travaux à ma maison de campagne, dans les Laurentides. Je crée un environnement pour y vieillir et y rester bien longtemps »

Il faut savoir aussi que Chantal vit en bigénération avec sa fille et ses petites-filles. « Je me trouve un peu à être le jambon dans le sandwich, dit-elle avec le sourire. C’est vraiment de l’intergénérationnel, et je trouve ça bien l’fun. J’ai le bonheur d’avoir ma fille et ses trois petites à mes côtés, il y a quelque chose là-dedans que j’aime beaucoup. C’est la famille avant tout, c’est vraiment les miens à qui je donne un coup de main, je prends soin d’eux à différentes étapes de leur vie. On a acheté pendant la pandémie, c’est un triplex qu’on a transformé en duplex. Ma fille était enceinte jusqu’aux oreilles de six mois quand on a rénové, et on n’avait pas d’entrepreneur parce que c’était la pandémie. Ça été toute une histoire. J’habite en haut, et ma fille a le rez-de-chaussée, le sous-sol et le garage. Je trouvais donc qu’il y avait quand même quelque chose à dire lors de la conférence que je vais faire, de ce jambon que je suis entre les deux, ajoute-t-elle en éclatant de rire. Je veux partager la réflexion que ça m’amène à faire concernant ma vision de l’avenir, comment moi j’ai envie de vieillir. »

C’est le 7 septembre à 10h que Chantal donnera sa conférence. Yvon Deschamps la suivra sur scène à 13h, puis ce sera au tour de Pénélope McQuade de s’adresser aux spectateurs à 16h.

Prendre sa vie en main

Chantal est encore à quelques pas de la soixantaine et elle entend bien planifier la suite des choses. « J’ai envie de prendre ça en main, dans le sens que d’ici quelques mois, je vais commencer des rénovations à ma maison de campagne. De un, je l’agrandis pour que mes petits-enfants viennent me voir et dormir chez moi, que j’aie toute ma gang. Quand je l’ai construite en 2001, je n’étais pas grand-mère cinq fois, alors je te dirais qu’il manque un petit peu de place. Je vais ramener ma chambre et laveuse-sécheuse au rez-de-chaussée, je ramène tous les services sur un plancher où il n’y a absolument aucun dénivelé. Un fauteuil roulant va pouvoir passer partout, par exemple, et oui, je pense déjà à ça. Ça va faire bientôt vingt-cinq ans que j’ai construit cette maison-là, et le temps a passé très rapidement. J’ai 58 ans, dans vingt-cinq ans, je vais en avoir 83, alors j’ai décidé d’y penser maintenant. Je crée vraiment ma maison pour y vieillir et y rester bien longtemps, idéalement jusqu’à la fin. »

« Quand j’ai connu mon chum, mon mari depuis 2005, il avait un chalet dans les Laurentides, mais sur le bord d’une rivière. Moi, j’avais envie de me trouver un endroit situé à côté d’un lac. On était alors en 1999, et il y avait des affiches « À vendre » partout. J’avais dit à mon chum que j’allais chercher, que ça prenne deux semaines, deux mois ou deux ans, j’avais l’œil ouvert. Eh bien deux semaines plus tard j’avais trouvé ce que je cherchais! C’était un grand terrain, le couple qui en était propriétaire avait un chalet trois saisons et l’avait démoli dans le but d’en construire un nouveau qui serait quatre saisons, mais ils se sont séparés. Ça faisait deux ans qu’il était à vendre. Je l’ai acheté tout de suite, j’ai payé ça moins d’une piastre le pied carré, sur le bord d’un lac, à une heure de Montréal. J’ai pris toute l’année 2000 pour me promener un peu partout, dans les campagnes, pour voir ce que j’aimais comme style. J’ai pris le temps de dessiner ce que je voulais, et quand j’ai engagé une architecte, elle a fait une petite modification, et ça y était. Je savais exactement ce que je voulais et aujourd’hui, c’est mon havre de paix.»

Chantal et Robert forment un couple depuis maintenant depuis vingt-huit ans. Ils n’ont pas eu d’enfant ensemble. « Robert a sa grande fille de 40 ans qui vit à Los Angeles, et mon fils, Ludwig, a 36 ans et il vit aussi en Californie, à Santa Monica. Il est père de jumeaux, un garçon et une fille de sept ans. Je suis d’ailleurs allé les visiter en avril, et cet été, ils vont venir nous voir durant deux semaines à la campagne. »

Une grand-mère heureuse, donc, et qui a bien du plaisir à voir grandir ses petites-filles. « Je ne suis pas une grand-mère gaga, je suis tellement impliquée. T’es gaga quand tu les vois une fois aux deux semaines, dit-elle en souriant, mais quand tu les vois tous les jours, et que tu suis la discipline de la mère, que tu les couches à l’heure qu’elle veut, c’est bien différent. »

 

« Le temps file, je trouve que ça va vite! »

Il a beaucoup été question du temps qui passe lors de notre rencontre, des années qui s’accumulent beaucoup trop rapidement. « Ça ne me fait pas peur de vieillir, mais je trouve que ça va vite, je me rends compte de la rapidité des choses. J’ai des amis de mon âge qui sont très malades, et quand on arrive à mon âge, il y a plus de gens autour de toi qui sont malades ou qui partent. Je veux essayer de me faire un plan de match dans lequel je serai sereine. Il faut arrêter de repousser les choses et c’est pour ça que je vais transformer ma résidence dans les Laurentides. Quand j’étais à Los Angeles, ajoute Chantal, mon fils me prenait dans ses bras, et il me semblait que c’était hier qu’il était tout petit et que c’est moi qui le prenais dans mes bras. La vie va vite, et la première chose que tu sais, c’est qu’on t’appelle pour jouer des mamies! » dit-elle en riant. Si je pouvais tourner tous les jours, je le ferais encore, mais ce n’est pas ça la réalité. Tu ne peux pas passer ta vie à attendre d’avoir douze jours de tournage, mais quand ça arrive, je les prends avec plaisir. Et si c’est quatre-vingts, tant mieux. J’espère faire mon métier longtemps, j’espère être une Béatrice Picard, tant que j’aurai la tête pour apprendre du texte et me présenter sur des plateaux de tournage, j’espère le faire. »

Justement, parlant de son travail de comédienne, on a vu récemment Chantal dans FEM, une série diffusée sur TV5Unis, et elle a bien sûr repris son rôle de Jeanine dans la troisième et dernière saison de C’est comme ça que je t’aime. Auparavant, on l’a vue dans Bon matin Chuck, sans oublier qu’elle avait défendu le rôle principal des six épisodes de la série Ma mère, diffusée à TVA à la fin de 2022. Sans vouloir s’étendre sur le sujet, il y a des choses qui se dessinent, semble-t-il, pour 2025.

Le mot de la fin? « J’ai une envie de sagesse, une envie de sérénité et d’être bien et de faire du bien. Je veux que la vie soit belle. On a tous des pépins qui nous tombent dessus sans qu’on le demande, et ça va, on ne peut pas contrôler ça. Mais ce qu’on peut contrôler, au moins il faut essayer que ce soit harmonieux et que ce soit tripant. C’est un peu ça le concept. C’est en gros ce que je vais dire aux gens lors de ma conférence, leur parler de ma vision de vieillir à côté de celle de ma tante, s’il y a des choses qu’elle referait ou éviterait. Ce sera un peu un dialogue avec elle, même si elle ne sera pas présente, et j’ai envie de rapporter une réflexion. Est-ce que les CHSLD et les RPA, c’est le modèle qu’on veut tous? Il y a une nouvelle façon de faire de la cohabitation maintenant, qui n’était pas là pour nos parents. Tu vois maintenant des jeunes mamans monoparentales qui habitent entre chums, comme dans La Galère, et tu te dis que c’est donc bien beau ces communautés-là où il y a de l’entraide. »

S’il y a une chose à laquelle Chantal tient énormément, c’est bien d’être toujours active au cours des prochaines années. « Mon père et ma tante étaient du genre à penser à aller faire un tour à Québec, par exemple, de coucher au Château Frontenac, et finalement ça ne se faisait pas. Il était soit trop fatigué ou trouvait ça trop énervant. Moi, je ne veux pas ça, je veux voyager, prendre le train pour aller à Charlevoix, faire toutes sortes de choses. Le jour où tu arrêtes de le faire, tu deviens craintif et tu restes chez vous. Je vais aimer mon chez nous, mais je suis une bibitte sociale, j’ai besoin du monde dans ma vie, ajoute-t-elle. Il va être question de tout ça au Salon des aînés. »

 

C’est le 7 septembre à 10h que Chantal donnera sa conférence. Yvon Deschamps la suivra sur scène à 13h, puis ce sera au tour de Pénélope McQuade de s’adresser aux spectateurs à 16h.e contenu va ici

 

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